Généralement négligé par les laudateurs du grand Gus Van Sant, soit parce qu'il constitue un copié-collé étonnant du plus connu "Will Hunting", soit parce qu'il fait partie de la veine plus commerciale, plus rangée de l'auteur, "Finding Forrester" est néanmoins un petit bijou, un objet de pur plaisir cinématographique. Parce que - et on le sait - Van Sant n'a pas son pareil dans le cinéma US pour filmer les corps et les visages des adolescents et des jeunes adultes - ici, black, ce n'est pas si courant dans sa filmographie. Parce que, en quelques plans "documentaires", il fait souffler sur le scénario conventionnel du film un vent de vérité comme peu de réalisateurs savent le faire. Parce que, face au monstre sacré incontournable qu'est Sean Connery, il place un jeune acteur qui lui donne du fil à retordre, parfaite mise en abyme du sujet du film (la transmission, le mystère de la création) : grâce à cette idée toute simple mais puissamment travaillée, "Finding Forrester" fonctionne tout aussi parfaitement au second degré - on regarde deux acteurs "vivre" le scénario de la transmission - qu'au premier. Parce que, comme Van Sant, nous sommes éblouis par le génie artistique (Salinger est ici le modèle, comme Kurt Cobain le sera plus tard), quel que soit l'état de l'être humain qui en est le dépositaire, et que, face à ce mystère, Van Sant ne prétend jamais en savoir plus que nous, et nous épargne toute "révélation". Parce que "Finding Forrester" est aussi un "feel good movie", et que cela ne se refuse pas. [Critique écrite en 2012]