A la une du "New York Times" ? Si ce film devait faire la une d’un célèbre quotidien américain nous pourrions le rebaptiser : « Comment la presse écrite dont nous entendons presque sonner le glas peut-elle survivre face à un monde 2.0 toujours plus mouvant ? ». Pendant un an, Andrew Rossi a questionné la pérennité de la presse écrite et particulièrement de l’institution impériale américaine : le New York Times. Si le journalisme dit « traditionnel » se meurt, l’information persiste et fluctue jour après jour. A travers ce documentaire nous pouvons constater que la déchéance de la presse écrite est due à l’effondrement du marché publicitaire et à l’explosion du journalisme « citoyen » prôné par des institutions comme Wikileaks. Si nous devions traduire la pensée de David Carr, « LA » star du film, ex drogué devenu une des Plumes avec un grand P du quotidien américain ; virulent défenseur du journalisme d’investigation « Le vrai journalisme est mort … Vive le journalisme ». Cette dévotion cynique, état d’esprit fréquent dans la profession, David Carr la symbolise mieux que personne. De mon point de vue, ce documentaire est un chef-d’œuvre pour ceux qui sont persuadés que le journalisme écrit encore peut vivre et résister à l’invasion du numérique. Nous devons tout de même reconnaître que les journaux écrits se doivent de succomber au 2.0 même si cela réside plus dans la nécessité que dans la croyance (blogs – tweets). Pour d’aucuns qui se préoccupent du destin peu radieux qui se dessine à l’horizon pour la presse écrite, ce film redonne un peu d’espoir et constitue une chance unique pour le téléspectateur de s’enfoncer dans les entrailles d’un organisme incertain mais toujours debout. Le New York Times, bijou de la grande presse quotidienne anglo-saxonne est comme le roseau dans la Fable de Jean de LA FONTAINE : il plie mais ne rompt pas. Si la crise est si aigüe et la matière si foisonnante il aurait sans doute fallu plusieurs films pour en venir à bout. Cependant, entre plans sociaux et bouleversements toujours plus durs du paysage médiatique, le réalisateur a bien choisi son sujet et de manière « objective » dépeint une réalité toujours plus difficile pour certains.