Si vous aimez Michael Haneke ou Kim Ki-Duk vous devriez aimer "A los ojos".
Comme ces deux réalisateurs, Michel Franco n'a pas peur de choquer, filme des scènes parfois difficiles à regarder, et illustre la violence de la société contemporaine.
Ce film, présenté au Festival de Morelia, l'un des plus réputés du continent américain, en 2013, n'est hélas pas sorti en France. Il peut être vu sur la plateforme Mowies (En espagnol sous-titré en anglais) ou en import DvD, seul ou dans un coffret contenant les 5 premiers films de Michel Franco.
Ici on nous raconte l'universelle histoire de la mère-courage qui va tout faire pour sauver la vision de son fils, condamné à devenir aveugle suite à une dégénérescence maculaire.
Alors effectivement sur le papier ça ne fait pas très envie parce que médical, mais rassurez-vous il n'y a qu'une seule scène, assez courte, où l'on montre une intervention chirurgicale.
L'intérêt du film est d'abord de décrire à la perfection le degré de pourrissement du système mexicain, aussi bien la faillite des services de santé, la corruption de certains médecins, mais aussi les inégalités abyssales que subissent les SDF. C'est une réalité que quiconque peut voir, en particulier dans la banlieue de Mexico, des enfants vivant dans la rue, victimes de trafics en tout genre, organes, prostitutions, drogue. Ici Monica, (Mónica Del Carmen) seule actrice professionnelle du film, essaye tant bien que mal de sortir des jeunes de la drogue en leur offrant de la nourriture et/ou un abri pour se retaper dans l'espoir qu'ils puissent repartir du bon pied. Franco, comme à son habitude, place sa caméra (toujours fixe) au bon endroit et filme ce qui existe déjà, rien n'a été créé pour le film. C'est du quasi-documentaire. Même certains dialogues sont improvisés, l'essentiel étant l'enchaînement des évènements, implacables, à la suite desquels le spectateur comprend peu à peu ce qui se trame.
L'autre point fort du film est ce portrait de mère qui se partage entre son fils et sa vocation, venir en aide aux défavorisés. Et qui, peu à peu, va perdre son humanité, va se défaire sous nos yeux et va alimenter le système même contre lequel elle se bat au quotidien.
C'est un film assez glaçant, comme le sont souvent les films de Michel Franco. Mais la violence du film se situe surtout dans les non-dits, dans les scènes qu'on ne voit pas à l'écran, dans les actes qu'on devine, et que cette mère désespérée va commettre.
A noter que Michel Franco co-réalise le film avec sa soeur, Victoria Franco.