Ce jeune réalisateur s'est inspirée de l'histoire de Natasha Kampush qui a été séquestrée pendant presque 9 ans dès l'âge de 10 ans. Cependant l'inspiration s'arrête à cet intitulé de fait divers, Frédéric Videau ayant pris le soin de raconter l'histoire du point de vue des deux protagonistes, la victime et le ravisseur ; étant donné que le ravisseur de Natasha Kampush est mort avant d'avoir pu témoigner l'invention du personnage donne toute la dimension d'une fiction. Néanmoins la mise en scène du réalisateur nous plonge dans un genre docu-fiction extrêmement réaliste. Pour les points forts c'est évident que le travail sur la psychologie des personnages a été particulièrement soignée d'autant plus que le ravisseur est vu autrement qu'un gros pervers, portrait habituel du ravisseur pédophile. Non, ici le ravisseur est humain, n'est pas violent, il est attentionné et la question sexuelle à de quoi chambouler plus d'un spectateur. Audacieux... La vraie réussite du film réside dans cette relation amour-haine à 50/50 parfaite. On est devant, parfois, de vraies scènes conjugales comme par exemple lorsque lui arrive plus tard que prévu. La relation est sur un fil ténu comme le cinéaste joue le funambule avec le fil conducteur choisit, heureusement jamais il chute sur ce point. Le casting est excellent, le "couple" interprété par Reda Kateb et Agathe Bonitzer est juste l'incarnation parfaite du jeu chat et souris entre l'adolescente et son ravisseur. Pour accentuer ce réalisme et surtout éviter le pathos facile le choix des flash-backs s'avère judicieux et bien maitrisé. Par contre on peut regretter que les premiers mois de l'enlèvement (apprivoiser l'autre, comprendre les règles... etc... ) soit quasi occulés. Ensuite à force de vouloir éviter l'écueil de l'intimité (sexe, mais aussi toilette par exemple) on se demande toujours comment ils ont gérés des situations peu évidentes d'un jeune adolescente. Mais ce film reste particulièrement intéressant car il offre un point de vue inédit pour ce genre de faits divers. Bien construit, jamais manichéen (une gageure avouons-le) l'ambiguité du propos interroge mais de façon intelligente. Un beau film.