A Moment of Romance 3 (1996)
Sur le coup, je n'ai pas reconnu Andy Lau, rien à voir avec "A Moment of Romance 3". Là, nous avons un aviateur qui atterrit dans un village très rurale très loin de la ville, au milieu des...
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le 13 sept. 2019
Après avoir produit les 2 premiers films, c’est Johnnie To qui devient metteur en scène du 3ème opus de la saga A Moment of Romance. Alors que le 2ème film singeait le premier en remplaçant Andy Lau par un jeune Aaron Kwok, ce troisième film réunit le casting original, Andy Lau et Jacklyn Wu Chien-Lien mais délocalise son histoire en pleine Seconde Guerre Mondiale, manière d’amener un peu de neuf. Le film semble être un hommage aux romances hollywoodiennes prenant pour cadre cette époque, en mettant en scène un pilote abattu qui vit une histoire d’amour tragique derrière les lignes ennemies. Pour son dernier film avant de lancer le studio Milkyway Image, Johnnie To a pris un scénario très générique, y a appliqué l’esthétique visuelle de Steven Spielberg, mais le résultat ne marche pas correctement. Pire encore, c’est clairement l’opus le plus faible de la trilogie.
Andy Lau n’est pas ici un motard mais un aviateur, Wu Chien-Lien n’est pas une gentille fille de riche mais une pauvre fermière, et bien qu’on aurait pu penser qu’avec le changement d’époque, le film aurait été différent, au final le fond de l’histoire reste le même. Mais To, plus que Benny Chan dans les deux films précédents, essaie de transmettre quelque chose de plus que l’amour. Malheureusement, il n’y arrive que partiellement, voire pas du tout. La reconstitution d’époque est crédible et bien qu’on remarque rapidement qu’A Moment of Romance 3 est beaucoup, mais alors beaucoup moins friqué que les films américains se passant à cette même époque, l’ensemble se tient, Johnnie To s’appliquant à mettre en valeur ses décors, les beaux paysages campagnards. Il est par contre fort probable que quelqu’un connaissant l’histoire de la Chine, et plus particulièrement celle de l’occupation japonaise et la résistance de Tchang Kaï-chek et du Kuomintang, percevra bien plus de choses dans le film qu’un novice absolu en la matière. Mais si le scénario situe le film à cette période, c’est peut-être aussi parce que l’amour et la guerre sont deux choses qui normalement s’opposent (souvenez-vous « Faites l’amour, pas la guerre), l’amour est une chose qui vient amener un peu de lumière en temps de guerre, même si ce n’est que temporaire car la guerre peut reprendre le dessus. Tout le film semble d’ailleurs jouer sur les oppositions. Il y a celle entre les deux camps qui se font la guerre donc, mais aussi la campagne de la première partie face à la ville de la deuxième, les riches et les pauvres, la fermière et le soldat, et au milieu de tout ça l’amour.
Visuellement, le film est une grande réussite. Le directeur photo Poon Hang-Sang (Peking Opera Blues, Center Stage), fait un très beau boulot sur les couleurs et certains plans comme ces contre-plongées sur l’horizon ou ces cadrage face au soleil transformant les personnages en simples silhouettes, rappelant parfois L’Empire du Soleil (1987) de Steven Spielberg, sont magnifiques. La photographie est efficace, certes, mais le film n’est pas très fluide (à l’exception de l’intro et du final). Car malheureusement, là où on sentait que Benny Chan voulait mettre en images des scènes d’action efficaces, Johnnie To laisse presque entièrement tomber l’action pour se centrer sur la romance et le mélo façon kleenex, musique insistante à l’appui. Sauf que To n’arrive jamais à rendre ses personnages réellement sympathiques et l’émotion qu’il veut procurer prend un coup dans l’aile. De plus, A Moment of Romance III est très prévisible et il ne semble jamais possible que, comme dans les deux films précédents, le film se termine tristement. Les films d’amour réussis ont souvent un rebondissement venant casser les certitudes, mais ici ce n’est pas le cas. Mais plus que ça, on ne retrouve ni l’esprit, ni le style de Johnnie To. On sent qu’A Moment of Romance III est un film très commercial où tout doit être fait pour remporter l’adhésion du public. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard s’il est celui de la trilogie qui a fait le plus gros score au box-office. Bien que certaines scènes fonctionnent très bien, comme lorsque Jacklyn Wu s’obstine à dégager une piste d’atterrissage en étant la seule à encore y croire, d’autres frôlent le ridicule et l’instant Kodak comme lorsqu’Andy Lau gambade dans les champs, une fleur à la main et avec un sourire niais.
Bien que joli à regarder grâce à une photographie réussie, A Moment of Romance III n’est recommandé qu’aux inconditionnels de Jacklyn Wu et Andy Lau. C’est longuet, prévisible, ça joue trop la carte du mélo, et c’est clairement l’opus le plus faible de la saga.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-a-moment-of-romance-iii-de-johnnie-to-1996/
Créée
le 5 déc. 2024
Critique lue 3 fois
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