C'est beau, c'est élégant, ça ravive les papilles un cinéma soigné comme celui dont a fait preuve Chandor avec A most violent year. La copie est presque trop parfaite, on reconnaît les références, le film s'inscrit directement dans la tradition des grands drames américains, on pense automatiquement au Parrain et beaucoup, aussi, à James Gray.
La qualité de ce genre de films est de fonctionner constamment sur les non dits, sur une tension invisible et pourtant presque palpable. Les personnages sont complexes, les situations aussi, aucun problème ne peut se régler facilement, à coup de flingue par exemple. Non, chaque personnage porte un poids, une responsabilité dont il ne peut se délester et chacun a besoin d'un autre, que cet autre soit concurrent, politicien, femme ou simple employé. Les relations. L'importance des relations humaines. Et tout cela dans un New York de 1981 magnifiquement recréé. La lumière de ce film est une pure merveille. Chaque plan se savoure par sa beauté et sa construction (peut-être une image trop léchée parfois, ce qui empêche une totale immersion émotionnelle dans l'histoire).
Pour que A most violent year soit un grand film, comme Le Parrain, il lui manque ce souffle épique, il lui manque aussi quelques scènes éclatantes qui viendraient fracasser cette surface parfois trop lisse. Mais c'est être sévère face à un tel niveau de qualité. Chandor est, d'ailleurs, l'auteur du scénario. C'est donc son oeuvre, son travail.