Cliché kids

L'idée avait pourtant tout, sur le papier, pour être séduisante : dans un collège difficile de Clichy, accompagner une classe de 3ème à horaires aménagés dans la réalisation de son projet pédagogique : projet théâtre (monter une réécriture, par les élèves, de la pièce de Shakespeare, "Romeo et Juliette"), pour les uns, projet rugby, pour les autres.

Les élèves sont attachants et il est émouvant de suivre leurs progrès au théâtre, leurs succès au rugby. Des moments de conversation libre sont captés chez les adolescents, dévoilant leur questionnement intéressant sur la religion, l'origine ethnique, les relations hommes-femmes...

Mais on regrette le regard volontiers dénigrant porté sur les formes classiques de l'enseignement : les rares moments de cours, avec tables, chaises, enseignant, n'en soulignent que l'échec, la caméra s'attardant complaisamment sur l'insolence d'une élève et la mise en difficulté du professeur. A l'inverse, une musique tonitruante explose lorsque les élèves jouent au rugby, sont emmenés dans un bowling, à Disneyland, en boîte...

De telles sorties sont-elles réellement les seuls bonheurs que l'Education Nationale soit en mesure de proposer ?... Il aurait été autrement plus audacieux d'exposer la jubilation d'un élève lorsqu'il comprend soudain un point délicat de cours, lorsqu'il réussit enfin dans un domaine dans lequel il se croyait voué à l'échec.

Un film bien décevant, donc, et qui, au lieu d'empoigner le sujet fondamental de la transmission et de l'arrachement de l'autre à son destin, surfe sur la vague actuelle qui consiste à dénigrer les formes traditionnelles d'enseignement.