Je n'écouterai plus Julien Clerc avec la même insouciance
Quand je suis allée voir ce film, j'ignorais totalement qu'il était "librement inspiré d'un fait réel", tant mieux. Je ne savais pas non plus qu'il serait si grave. J'ai été voir ce film sans rien en savoir, si ce n'est les acteurs et l'affiche.
J'ai aimé ce film aussi dur soit-il et ce qui m'a bouleversée n'est pas l'infanticide auquel beaucoup de critiques ont réduit le film.
En fait, la finesse du film tient dans ce sentiment de glissement profond, régulier, et dramatique qui nous emporte avec cette mère, prisonnière de sa vie sur un fond de complaisance à la soumission qui laisse perplexe. Peu à peu, Murielle sombre dans sa propre vie qui ne semble plus lui appartenir à la fin du film. Le triangle marital que forme le couple avec Arestrup, se déploie avec une telle force et perversion qu'il ira jusqu'à étrangler littéralement cette pauvre fille. Je dis "pauvre fille" car tout est fait pour que l'on ait pitié d'elle, ce qui est un peu dommage dans ce film qui tombe du coup, presque naïvement, dans un discours féministe rébarbatif.
Si certains thèmes auraient pu être évités tels que le mariage blanc ou encore l'eldorado européen, les différences de culture entre les personnages me semblent justement abordées. La relation entre Murielle et sa belle mère marocaine m'a touchée par son authenticité et sa justesse. Cette femme, issue d'une culture où l'on devient épouse et mère sans jamais se plaindre semble être poutant la seule personne à la comprendre.
Dans toute son imperfection et sa noirceur, A perdre la raison, ne cherche pas à expliquer celles qui poussent une mère à tuer ses quatre enfants, mais plutôt à proposer un regard sur un drame domestique qui peut arriver plus souvent qu'on ne le croit. Personne n'est à l'abri du naufrage.