L'humour plus fort que tout

Pour avoir vécu dans un pays où la présence humanitaire est importante, bien qu'il n'y ait pas de guerre, A Perfect Day reflète bien la réalité des choses. Ne serait-ce que par le fait de montrer que chercher quelque chose d'aussi anodin qu'une corde devienne une quête à limite de celle du graal !

Le réalisateur Fernando León de Aranoa connait bien ce contexte puisqu'il a suivi une équipe de Médecin sans Frontières en Ouganda et a aussi filmé une équipe humanitaire en plein conflit des Balkans. La réalisation est classique, mais il ose mélanger les genres. A Perfect Day a beau se dérouler en temps de guerre, il est tout le contraire d'un film d'action. C'est comme une histoire parallèle à cette guerre qui entremêle étrangement l'humour et le drame.

Le film montre ce qui devrait être quelque chose de simple, réglé en quelques minutes : trouver une corde. Un corps mort risque d'empoisonner un puit d'eau et la mission de ce groupe humanitaire est d'assurer la sécurité sanitaire des habitants de la région. On se plonge dans leur quotidien rempli de frustration, d'imprévus et de combats permanents à cause de protocoles compliqués de l'ONU, comme de la méfiance des locaux ou encore le risque permanent de marcher sur une mine.

Le drame est dans tout ce contexte de pays en guerre, alors que l'humour est complètement incarné par Tim Robbins et son personnage loufoque aux mots rieurs qu'est B. Il arrive à dédramatiser chaque situation pesante en trouvant des mots inattendus mais dont certains de ses collègues commencent à être habitués. Il fait penser à une citation d'Umberto Eco : "Nous savons que nous allons vers la mort et, face à cette occurrence inéluctable, nous n'avons qu'un instrument : le rire." Car ces hommes et ces femmes sont tous les jours confrontés à la mort. Ils voient des gens mourir et eux-mêmes sont en danger permanent. Leur motivation est simplement essayer d'aider ces gens.