Avec A Rascal’s Tale, Dick Cho s’intéresse surtout, au-delà du film sur la jeunesse en voie de marginalisation et avec un contexte mafieux en filigrane à décrire l’incommunicabilité entre pères et fils. C’est le véritable sujet du film où les adultes tentent de comprendre leur progéniture mais aussi de trouver la solution pour qu’un dialogue s’instaure. L’auteur y décrit donc les relations conflictuelles intergénérationnelles d’une jeunesse et de leurs parents, notamment sous les traits de Pang. Ce dernier doit faire avec un père au passé criminel, et qui encore au moment présent vit de façon non-conformiste. Son comportement agit comme une répercussion de cette filiation et d’une identité qu’il se cherche, plus encore en l’absence d’une mère qui fait défaut. Sa posture révoltée contraste avec celle de son ami, Tung plus posé et réfléchit dont le père n’accepte pas les choix de son fils. Le film offre alors deux points de vue d’une même jeunesse et d’un manque de communication flagrant entre ces pères et ces « enfants », l’un issu du monde interlope, l’autre issu d’une famille plus traditionnelle. Il est intéressant de voir qu’ici, Dick Cho offre un parti pris tranché et invite l’autorité parentale à ouvrir le dialogue avant toute sanction hâtive.


Plus encore dans A Rascal’s Tale, le discours de Dick Cho se veut relativement positif puisqu’il nous montre des professeurs qui n’ont pas baissé les bras, et qui soutiennent et croient en la réussite de leur élève, passage obligé s’ils veulent s’ouvrir à un carrière professionnelle. Mais comme souvent dans le cinéma hongkongais lorsqu’il touche à la délinquance/criminalité ainsi qu’à une jeunesse qui se cherche, il y a toujours une part de fatalité qui vient enrayer un récit qui s’inscrivait alors au beau fixe. La nature désinvolte de Pang entérine cette situation en plongeant son entourage dans une spirale violente. Son acte vengeur réalisé par amour à des répercussions qui amèneront l’affrontement final à l’arme blanche, véritable bain de sang qui ramène nos personnages à leur condition propre. Ce dénouement et son climax respectent alors cette forme de sanction symbolique commune à ces productions mais qui a ici une résultante bénéfique. Ainsi et d’une certaine façon, le personnage de Shing Fui-On lavera par le sang sa condition, mais surtout elle lui permettra de se rapprocher de son fils et de renforcer les liens qui les unissent.


Drame sur une jeunesse qui prépare ses premiers pas dans la vie d’adulte, A Rascal’s Tale offre une histoire solide qui apporte une vraie réflexion sur l’éducation et les rapports parents/enfants. Des sujets dignes d’intérêts dont la conclusion chaotique ravira les fans d’actions à la machette.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2014/09/05/a-rascals-tale-1991-dick-cho-avis-review/)

IllitchD
6
Écrit par

Créée

le 16 avr. 2015

Critique lue 173 fois

3 j'aime

IllitchD

Écrit par

Critique lue 173 fois

3

D'autres avis sur A Rascal's Tale

A Rascal's Tale
JonathanAsia
5

Critique de A Rascal's Tale par Jonathan Asia

Un spectaculaire combat final a la machette, c'est la récompense offerte par ce film si vous tenez les 1h20 précédentes sans craquer, face au jeu horripilant de certains acteurs (le fils du perso de...

le 12 août 2017

Du même critique

L'Enfer des armes
IllitchD
8

Director’s cut

Disparu. L’Enfer des armes de Tsui Hark est une œuvre mythique à elle toute seule. Troisième et dernier film de Tsui Hark de sa période dite « en colère », l’original est interdit par le comité de...

le 31 janv. 2013

32 j'aime

2

The Murderer
IllitchD
6

Critique de The Murderer par IllitchD

The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui...

le 11 févr. 2013

31 j'aime

2

A Bittersweet Life
IllitchD
5

Critique de A Bittersweet Life par IllitchD

Kim Jee-woon réalise une pépite de style. La réalisation a du style comme son personnage principal (Lee Byung-hun). Tout y est stylé, les plans, les costumes taillés, la belle gueule du héro...

le 28 mai 2013

31 j'aime