Alors là les bras m’en tombent … Quoique je m’attendais quelque peu à un truc bien pourri dans la catégorie torture-porn gratos (genre que je déteste par dessus tout), mais là il faut bien avouer qu’on est quand même au delà de la merditude. J’ai bien conscience que le besoin de provoquer soit devenu dans un certain sens vital pour que ce type de petite production puisse exister mais là non, pas de cette manière, pas avec si peu d’utilité, et sincèrement je m’autorise même à penser que le gars qui a pondu ça a de petits problèmes émotionnels, on touche au médical.
Et encore pour être franc j’étais parti pour lui trouver des qualités, j’imaginais que l’univers hardcore pouvait insuffler une atmosphère anxiogène et dérangeante, quelque chose de sombre et brutal, se retrouver aux confins des endroits les plus cradingues et glauques des Balkans, je voulais perdre mes repères et m’immerger tout simplement. Mais au final le film tente de scénariser plein de points et on voit arriver la catastrophe, partir d’une famille heureuse, enfin plus ou moins, le gosse d’une petite dizaine d’années est déjà spectateur des films porno de son vieux père, le môme veut déjà se toucher la nouille, là j’ai eu tout de même une petite lueur d’espoir en pensant que le sujet pouvait être un minimum sociétal (voyez comment j'insiste) ...
- Il fait quoi papa avec la dame ?
- Rien il s’amuse, c’est du faux comme dans un dessin animé.
- Parce que j’ai senti des fourmis dans mon ventre et ça me chatouillait la zezette.
... mais non, ça ne va pas plus loin que ça et ne participe qu’au climat déviant du film, le monde est dépeint comme étant noyé sous une débauche étrangement lisse et sophistiquée comme les covers de magazines hauts perchés des drugstores, toutes les femmes sont bandantes, les hommes machistes, le cadre est dénaturé par un degré totalement artificiel. Car en fait rien n’est foncièrement dérangeant durant toute la première partie, ça enchaine les scènes de sexe (plutôt soft) et les dialogues insipides, ça suce des bites à tout va, le personnage principal, ex acteur porno, accepte donc pour l’alimentaire de tourner dans un projet énigmatique très bien rémunéré. D’ailleurs une des rares séquences pouvant être intéressantes, celle qui devait nous lancer définitivement dans le dossier, n’arrive même pas à convaincre, le gars est envoyé à l’aveuglette dans un bâtiment avec des cameramen filmant son entrée, mais rien n’est crédible une seconde, les actrices entrent dans le champ de manière sur-ordonnée sous l'œil de cadreurs freestylers, ce qui fait qu’à la place de s'"introduire" dans cette pseudo aventure cinématographique on note presque involontairement tous les faux raccords, niveau immersion c’est raté.
On reste constamment passif face aux diverses maladresses du réalisateur qui tente par tous les moyens d’instaurer son ambiance à deux sous, c’est juste gentiment malsain par rapport à l'impureté sordide qu'elle promettait. Autre passage qui aurait pu être réussi lorsque le producteur se risque à une réflexion sur l’art dans le registre pornographique, mais là aussi c’est hyper niais et inintéressant, c’est con de se planter à ce point là (alors que Carpenter avait réussi a rendre une observation avisée sur le principe du snuff dans son épisode La Fin Absolue du Monde pour la série Masters of Horror), et à la fin de cette même séquence arrive le point culminant : le fameux viol du nouveau né. Au delà du côté très perturbant de cette vision j’ai trouvé que le truc tombait de nulle part, comme un gyrophare avec un mégaphone hurlant "REGARDEZ COMME C'EST OUTRANCIER ET DÉGUEULASSE !" Vive la gratuité quoi, c’est ridicule. Ensuite tout va s’accélérer pour basculer dans une folie incompréhensible, genre le coup de l’autostoppeuse, les trois jours dont apparemment il ne se rappelle plus, puis c’est l’escalade de gore et de sodomie en tout genre agrémentée de polissage de jonc, là franchement j’ai saturé et je suis sorti du film, trop fatiguant … Et je passe le final qui est d’un grotesque absolu à coup de bifle oculaire et de trauma suicidaire post incestueux, bordel total, d'ailleurs je plains le pauvre gamin qui a tourné là dedans, pour faire le fier devant ses potes à la récré c'est mort.
Ce A Serbian Film n’est rien d’autre qu’un support de provocation affligent qui n’a pour ambition que de se faire bêtement remarquer avec des idées d’une perversité excessivement avilissante, tout ça sans un semblant de talent d’écriture ou de formalisme, il ferait presque passer Hostel ou la saga Saw pour de sympathiques petits feel good movies bien foutus, il ne méritait qu’une sortie DTV dans le pire sex-shop crasseux de FDP City au rayon "Blowjobs & Happy Birth-Fuck".