Passé une première demi-heure enthousiasmante, A Star is Born peine à convaincre et finit paralysé par des défauts d'écriture majeurs. Alors qu'il étire son récit sur deux heures et quart, le film avance pourtant au prix d'ellipses (aucune sensation du temps qui passe) que le scénario tente de rattraper par le recours à des dialogues qu'on a rarement vu aussi explicatifs, comme si chaque scène avait besoin de sous-titres (ainsi, il faut expliquer au spectateur que Cooper se pique aux stéroïdes alors que la scène se suffisait à elle-même). Il abandonne ainsi au fur et à mesure les pistes ouvertes dans sa première partie : on ne saura rien des carrières croisées d'Ally et de Jack tandis que le conflit entre les deux frères est réglé en deux dialogues dans une voiture. Pire, le sujet qui justifie ce 4ème remake est à peine ébauché au détour de deux trois séquences bâclées : l'ascension et la transformation de l'inclassable Ally en star de l'industrie du disque qui a perdu son âme. Le film n'interroge jamais cette trahison. Bradley Copper ne sait finalement pas vraiment ce qu'il veut raconter. Il se présente dès le début comme un alcoolique au bord du coma éthylique. Sans jamais proposer la moindre évolution ou la quelconque nuance, la déchéance du personnage programmée est un contresens majeur au regard des premières versions et condamne Cooper à une surenchère assez désagréable à regarder. La séquence grotesque des grammys, aura fini de nous achever et le film perdre toute crédibilité, le mélodrame demandant un peu plus de finesse.
Reste la photographie soignée de Matthew Libatique, la rencontre sur l'air de la Vie en Rose où s'opère une véritable alchimie entre les deux acteurs et Lady Gaga, sans artifice, très convaincante.