De la famille des remakes, Une étoile est née de la version 1937 est certainement le long-métrage qui a été le plus repris par des cinéastes qui voulaient sans doute adopter leurs visions scénaristiques d’une montée en notoriété d’un jeune talent dans un domaine d’activité. C’est un peu osé ce genre de projet car nous trouvons ça lassant, inutile, voire même énervant de voir des cinéastes casser des chefs-d'oeuvre, dans le but de reproduire des films qui n’obtiennent pas forcément le même succès que les films d'origine. Même si le prodigieux et remarquable cinéaste Clint Eastwood avait les commandes d’un tel projet, je garderai une certaine vigilance et une inquiétude confirmée sur la bonne réussite d’un projet cinématographique d’une grande envergure comme celui-ci.
Et encore plus quand les choses ont changé, quand c'est finalement l’acteur Bradley Cooper qui prend les rênes d’une telle réalisation, sans qu'il ait développé d'autres films en tant que metteur en scène auparavant. Pour moi c'était un double risque, un projet trop ambitieux pour un débutant mais, les artistes peuvent créer des surprises et j'étais bien curieux comment l'acteur allait concevoir son film. Pour ma part, je n'attendais rien de spécial de ce long-métrage, je n'ai pas vu les autres versions, il n'aura donc pas de comparaison avec les autres productions dans cette critique. Étant donné que ce long-métrage est classé dans le genre dramatique, Bradley Cooper avait sans doute acquis suffisamment du savoir et de l’expérience pour exercer adéquatement ses talents de réalisateur dans un tel registre de longs-métrages, surtout quand on a côtoyé une des plus brillantes actrices de notre génération dans quatre films de même genre que A Star is Born comme Jennifer Lawrence.
La vraie question que je me posais est la suivante : Arrivera-t-il à produire un film d’une qualité irréprochable pour nous surprendre ? Suite au visionnage, je dois dire que j’ai été agréablement surpris. Bradley Cooper a su bien s’y prendre pour monter une production forte émouvante et très entraînante, j’ai même l’impression qu’il a voulu faire un peu du même style que Clint Eastwood. J'ai senti qu'il y avait un peu du Clint derrière le long-métrage et cette impression peut s'expliquer du fait que ces deux derniers ont participé récemment à la réalisation du film American Sniper. Peut-être que l'acteur s'en est aspiré et après tout, je trouve qu'il a bien fait les choses. Son travail est très bien fourni, le scénario est structuré d’une manière logique et assurant une continuité évidente de l’évolution de deux stars marchant vers des directions différentes et Bradley dynamise intelligemment sa production avec des scènes de concert qui envoient du bois.
La production peut être considérée comme un documentaire fort bien détaillé sur l’évolution d’une star, on passe par toutes les étapes de la réussite d'un artiste comme les premières démonstrations, la collaboration solide d’un manager et les passages brefs dans des émissions télévisées. Dans sa mise en scène, il y a quelques petits problèmes dans le tournage de certaines scènes comme le tout premier concert, où Bradley maintient le même plan le filmant en train de gratter la guitare, avec une luminosité un peu fort dérangeant pour admirer totalement le spectacle. Ce sont que des petits détails et ce sont surtout des erreurs de base que n’importe quel débutant peut faire lors de sa première réalisation, sans qu’on remette en question les talents artistiques du réalisateur. Concernant le casting, Bradley Cooper a toujours été un excellent acteur, il confirme toujours sa bonne volonté de rendre intéressant ces personnages, surtout qu’il porte une belle gueule de rock star avec une tenue country modérée.
Ce dernier n’est pas certainement la plus grosse surprise de la production, c’est surtout Lady Gaga qui est la révélation inattendue. Accoutumée de porter des tenues excentriques pendant ses concerts, Lady Gaga se présente inhabituellement comme une femme tout à fait normale, portant des tenus simples et sobres, avec un vrai caractère de femme qui veut connaître le succès. Rien à avoir avec son interprétation de gangster minable dans Machete, Lady Gaga est une présence étonnante sur grand écran. Sa voix enchanteresse, sa sensibilité émotive et ses agissements abrupts font d’elle une chanteuse qui fait plaisir à voir. On reste incroyablement ébloui par sa performance sublime de la chanson Shallow, avec un Bradley qui est un bon accompagnement accentuant à merveille intensité électrisante de cette chanson, le couple signe pour moi la meilleure scène du film, ces deux derniers créent une complicité particulièrement touchante.
La seule chose que je n’ai pas vraiment appréciée chez ce couple, c’est l’évolution favorable d’une star d'un côté et la dégradation pitoyable d’une autre star de l'autre côté, il y a quelque chose qui s’est mal déroulé chez le personnage joué par Bradley mais ce n’est clairement pas bien expliqué. On déclare un amour sûr entre deux êtres mais bizarrement, le personnage de Bradley provoque sa perte sans que je puisse vraiment comprendre les agissements incongrus de ce dernier. J'ai bien compris qu'il y a une sorte d'histoire de déception, de jalousie, de malchance ou un truc de ce genre-là mais c'est vraiment mal expliqué, j'étais un peu confus pendant une bonne partie du visionnage. Mis à part ce défaut, Bradley s’est montré capable de créer un mélodrame touchant, profond et ambitieux, c’est une belle réussite cinématographique qui complétera très bien son CV bien rempli, surtout quand on parvient à filmer des scènes de musiques pop rock avec une perfection visuelle indéniable. 7/10
- Viens chanter la chanson que j'aime.
- Impossible.
- On y va !
- Jack, s'il te plaît, c'est pas drôle.
- Regarde-moi. Fais-moi confiance, c'est tout.