Commençons d'emblée par dire que le cinéma japonais nous à offert deux des plus beaux personnages féminins de la décennie et ce sur la même année avec Sakuko de Au revoir l'été et surtout Shoko-chan pour ce A Story of Yonosuke.
Le film était déjà génial avec cette construction sous forme de vignettes de moment marquant dans la vie de Yonosuke, ce sont surtout des rencontres diverses qui vont jalonnées sa vie étudiante non loin d'être banale pour un jeune homme ordinaire dont les défauts et la personnalité si insouciante ensoleille et réjouit les personnes autour de lui; l'œuvre en devient très émouvante lorsque au hasard d'une madeleine de proust (de la sueur beaucoup de sueur! ) lors de quelques flashforwards très discrets les personnages en question en gardent une seule émotion, celle qui nous réjouira nous aussi pendant toute la durée du métrage.
Je me souviens avoir dit concernant son précédent long métrage (The Woodsman and the Rain) que le visionnage était réjouissant car le film allait de surprise en surprise et c'est de nouveau le cas ici : La première rencontre où va se nouer une amitié profonde se met en place de façon inopportune, comment réagiriez vous si votre voisin d'amphithéâtre que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam engage la discussion avec un "j'ai fait un rêve bizarre cette nuit, je me suis réveillé avec une érection" ? La suite est encore plus horrible ! et pourtant de grandes amitiés et relation amoureuse se noue par cette spontanéité maladroite.
Yonosuke est un très très beau personnage parce que son innocence exhale ce sentiment de réconfort, de chaleur, d'épaule sur laquelle ses ami(e)s peuvent se confier et recevoir de grandes leçons humaines en retour (sans forcément qu'il s'en rende compte).
Il a aussi très bien compris que le ridicule ne tuait pas!
Et puis arrive...Shoko-chan ! "Gokigenyou Shoko" ! Petit bout de femme incandescente de bonne humeur, de rire communicatif, d'extravagance, euphorique pour trois fois rien, capable de redonner goût à la vie au spectateur dans une phase de déprime passagère. Les planètes s'alignent à son apparition, une nouvelle étoile est née, un nouveau film démarre et avec elle la sempiternelle relation amoureuse dont les japonais sont si friands, l'idylle entre deux personnages trop coincés du cul pour s'avouer leurs sentiments.
Et pourtant qu'est ce qu'elle fonctionne leur relation! Il s'en amuse comme un fou Shûichi Okita, certaines scènes sont ridiculement mignonnes tellement c'est évident ce que les personnages se déclarent (la scène du rideau chez les parents est juste incroyable de mignonnerie) , d'autres sont émouvantes de simplicité, d'évidence aussi pour nous occidentaux mais qui ont une valeur différente pour les japonais surtout après une relation amoureuse sans cesse retardée (la scène de l'hôpital mais mon dieu qu'est ce qu'elle est belle bon sang, c'est justement la durée terriblement longue qui rend cette décision si sincère et tellement poignante) . Elle est faite de petits détails, de signes avant coureur qui ne trompent pas quand on s'y attarde, il y a d'ailleurs beaucoup de non-dits très évocateurs et chargés d'émotions comme la photographie de l'exposition et toute la séquence sur la plage en pleine nuit.
Les acteurs font tellement un bon taff qu'on en oublierait presque que la mise en scène est a saluer aussi! Le montage confère aux scènes de belles émotions sur la durée, le réalisateur explorait déjà les possibilités offertes par l'échelle des plans sur son précédent film ici il en profite encore notamment pour faire rire le spectateur (lors d'une scène en faux semblant) et même sur la composition des décors c'est très souvent virtuose je trouve, rien que l'attente de Yonosuke dans le salon des beaux parents c'est un grand moment comique qui s'amuse à mélanger différents types d'humour : le style d'aménagement et surtout la profondeur de champ avec la position des personnages mais c'est du génie!
Enfin voilà quoi c'est à mes yeux un très très grand film japonais ! Les 2h35 passent à toute vitesse! De toute manière dès que Shoko entre en piste le film quitte son altitude de croisière et foncent vers les étoiles jusqu'à la toute dernière scène :'(
Je note que les japonaises sont très patientes quand elles ont le coup de foudre, c'est inhumain.
C'était presque le 10/10 j'attends de voir comment ça va murir dans ma tête.