Ne pas se laisser effrayer par la durée de cette adaptation. Malgré ses plus de 2h40, A Story of Yonosuke aurait très bien pu être rallongé de 30 minutes ou porté au format série, tant il y a matière à approfondir encore plus les relations entre Yonosuke et la galerie de personnages qui gravitent autour de lui.
2h40, c'est généralement la durée des grandes fresques épiques. A sa façon, le film de Shuichi Okita a sa place dans cette catégorie. A Story of Yonosuke pourrait être le Spartacus du passage à l'âge adulte, le Barry Lyndon de la jeunesse, le Titanic des premiers émois amoureux. Ces instants, ces moments, ces années que nous avons tous vécus chacun à notre façon, ces sentiments que nous avons tous éprouvés, Shuichi Okita me les a fait revivre comme si c'était la première fois.
En embrassant les maladresses, les doutes, l'enthousiasme, l'insouciance du solaire Yonosuke (métaphore reprise dans l'une des scènes du film), le film, aussi universel soit-il, se crée une personnalité singulière, un ton qui n'appartient qu'à lui. Un ton reposant en grande partie sur un humour atypique, saugrenu, décalé mais tendre, qui amène de francs éclats de rire, parfois communiqués directement par les personnages.
Le choix de la structure narrative, qui fait presque passer le film pour un gigantesque entrelac de flashbacks, installe également une douce mélancolie qui se renforce encore à mi-chemin avec une révélation tragique.
Et même si Shuichi Okita donne parfois l'impression de ne pas savoir où il va mener son film, faute de réels enjeux clairement définis, le charme, la délicatesse, l'étrangeté et les rythmes de samba (oui, oui) de cette oeuvre indéfinissable et inoubliable l'emportent. A tel point que l'heure de quitter Yonosuke, Shoko, Koike, Kato et les autres arrive bien trop tôt.