Un traveling merveilleux et prenant de 12 minutes dans les rues de Market street à San Francisco quelques jours à peine avant le tremblement de terre qui fera 30 000 morts et détruira la majorité des commerces. En ayant conscience de cette fatalité, le court nous transmet la puissance de l'éphémère d'une société contingente et irrégulière.
A l'instar du premier traveling de l'histoire (celui des frères Lumières à Venise), la caméra est placée sur un moyen de transport (ici un trame) et ne paraît changer son positionnement jusqu'à ce que le réalisateur opère à un retournement axiale surprenant à 180 degrés. La caméra est alors toujours considérée comme un gadget qui capture simplement des moments, en témoigne les réactions des habitants, mais s'émancipe durant cette fin en se détachant du trame et de tout autre moyen de mobilité.
La progression de la caméra, dirigée sur un axe symétrique menant à la gare ferroviaire, prend le rôle du temps. Linéaire, inexorable, cyclique, spectateur du dynamisme de l'instant et des vagabondages de la population désintéressée.
8,5/10