Triangle des béatitudes.
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Voilà un film léger. Pas de cette légèreté dont on accuse le vin qui n’a pas su nous enivrer, non. D’une légèreté qui délivre. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’affiche du film. Légers comme le vent, les trois amants se courent autour, pris d’une joie toute enfantine. Le mariage auquel ils viennent d’assister est déjà loin derrière, et avec lui s’évanouit le ramassis de conventions sociales que tente d’imposer la société à ses membres - en vain pour ces trois là.
Heureux, ils se tournent autour, se cherchent, se trouvent enfin. Et partent en courant. Car si le film est lent et parfois prévisible dans son déroulement, on en retient surtout l’énergie avec laquelle les trois héros bouffent la vie. Ils l’ont bien compris, celle-là est une course dont on aurait raté le départ mais à laquelle on serait forcé de participer. Eux ne se font pas prier : « 3, 2, 1, partez ! ».
« A trois on va », c’est la phrase énoncée à voix haute par ceux qui croient déceler chez l’autre la même étincelle de hardiesse, mais qui ont besoin de mots pour formuler cette intuition, pour sceller le pacte fou. C’est le cri qu’on entend avant de sauter dans une eau glacée tout habillés.
Assez subtilement, le film traite des difficultés de s’engager en amour quand on est jeune, beau et plein de vie - donc plein de doutes. Parmi tout ce qui leur est permis, la possibilité de rêver est ce à quoi ces jeunes tiennent le plus. Rêver à une autre conception du couple et du bonheur, couple qui lierait des êtres non en fonction de leur sexe ou de leur origine sociale, mais selon leurs aspirations. En cela, ils seraient aussi « identiques » que les trois vieilles chaises que Micha rapporte d’une brocante au début du film et dont il ne sait pas quoi faire.
Car toute la réussite du film est là, à mes yeux : dans l’alternance entre pitreries burlesques et sentimentalisme larmoyant, sans que ce mélange ne soit jamais ni mièvre, ni pesant. En définitive, « A trois on y va » est un joli film, tout en finesse et en douceur, et surtout, oui surtout plein de fraîcheur. D’une fraîcheur qui rassérène, comme la brise d’été le soir sur la plage.
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Créée
le 5 avr. 2015
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