Triangle des béatitudes.
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La triangulation amoureuse vue par le réalisateur qui parcourt et décrypte depuis Les Yeux clairs en 2004 la carte du Tendre, celle-là même qui répertorie tous les chemins sinueux et les méandres complexes des sentiments, c’était une promesse excitante. Une sorte de relecture de Jules et Jim, portée par trois jeunes comédiens sympathiques et épatants : Anaïs Demoustier (Mélodie) dont la filmographie fournie ne comporte ni faux pas ni temps mort, Félix Moati (MIcha) qui a hérité de son père journaliste la candeur et la bonhomie (en plus d’une frimousse particulièrement avenante) et Sophie Verbeeck qui joue Charlotte (l’élément faiblard du trio qui a trop dû regarder Emmanuelle Béart).
Hélas, cette variation à géométrie variable qui oscille entre vaudeville et romance frise l’inconsistance et l’insignifiance dans sa capacité à déborder son sujet et à jouer davantage de la transgression, préférant étirer le préambule et les prémices de ce qui arrivera inévitablement et résoudre l’ensemble dans une pirouette paresseuse, bâclée, presque saugrenue. Ce sont les séquences drolatiques revisitant les codes éculés du motif vaudevillesque (l’amant dans l’armoire) qui sont les plus réussies. Mélodie devant s’enfuir au retour prématuré de Micha par les toits, le trio se retrouvant à la même fête suite à une série de quiproquos bien ficelés allègent une narration qui finit par s’essouffler dans les scènes de tendresse et de sexe.
La question d’un amour multiple qui ne se limiterait pas à une seule personne est ainsi à peine approfondie : quid du vertige, de l’anticonformisme alors que, justement, le film s’enlise dans un certain immobilisme jusqu’à y disparaitre totalement. Bien sûr, À trois on y va ne manque pas de charme, le Lille de Jérôme Bonnell a des faux airs d’un Paris branché et la météo (le 14 juillet, l’été, le soleil) achève de le limiter à quelque chose d’infiniment léger, quasiment inconséquent. En tout cas, bien loin de la confusion et du vacillement des sentiments qu’une telle déflagration (l’amour identique pour deux personnes dans un triangle parfaitement équilatéral) devrait produire.
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le 28 mars 2015
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