Après le médiocre Pris de court, place à A United Kingdom. Il s'agit de l'adaptation du roman Colour Bar de Susan Williams, racontant l'histoire vraie et méconnue de Seretse Khama, futur roi du Bechuanaland; qui deviendra le Botswana; et d'une jeune femme anglaise Ruth Williams. Une union controversée, mettant à mal les relations entrent l'empire Britannique, l'Afrique du sud, le Bechuanaland et les Etats-unis à l'approche des années 50.
La découverte de l'histoire à travers le cinéma est toujours plus intéressante, même si elle joue avec la réalité des faits en enjolivant la vérité. Cette relation m'était inconnue, tout comme les personnages et le contexte historique. Au premier abord, le film est une mièvrerie académique convenue. Cela va très vite, tel le coup de foudre entre Seretse (David Oyelewo) et Ruth (Rosamund Pike). Il y a plein de sourires, d'échanges de regards tendre avec un soupçon de racisme pour ne pas oublier qu'un homme noir avec une femme blanche dans les années 40, ce n'était pas bien vu (comme de nos jours, malheureusement). Seulement, cela ressemble tellement à une bluette insipide avec Ruth courant constamment vers Seretse à chacun de leurs rendez-vous, que les sujets brûlants sont à peine effleurés. Cela nuit à l'intérêt du film, dont le cas ne va pas s'arranger en débarquant au Bechuanaland version carte postale.
La réalisation d'Amma Asante ne permet pas de donner une ampleur historique et romantique à un scénario manquant de souffle. La composition de Rosamund Pike en jeune femme de 24 ans, n'arrange pas le cas de ce film. Elle n'est pas crédible et n'évolue pas au fil du récit. Son visage exprime toujours la même émotion et on se demande si elle n'a pas tout donné dans le Gone Girl de David Fincher. Au contraire, David Oyelowo confirme tout son talent après Selma, en interprétant à nouveau un personnage historique. C'est son projet, il est l'un des producteurs et va tout donner pour sortir le film de l'ennui.
Le film n'arrivant pas à rendre intéressant la relation entre Seretse et Ruth, c'est à travers son combat pour devenir roi de son pays, que cela se révèle intéressant. Le Bechuanaland est sous le protectorat de l'empire Britannique pour ne pas être annexé par l'Afrique du sud et subir l’apartheid. A première vue, cela semble une bonne idée, sauf que les britanniques s'octroie tout les droits et agissent comme des envahisseurs. Ils sont chez eux, s'accaparent les richesses du pays, manipulent l'opinion, instaurent une sorte d'apartheid plus sournoise en séparant les noirs des blancs dans les lieux publics. Une ingérence intolérable dû à une attitude de colonialiste se pensant plus évoluer que les africains. Un mépris qui ne se cache pas et se retrouvant lors des échanges entre Seretse Khama et Sir Alistair Canning (Jack Davenport), qui est absolument détestable. Le racisme à peine effleuré à Londres, prend plus de place sur les terres africaines. On le perçoit des deux côtés, personne n'est épargné, sauf que certains ont la capacité d'évoluer alors que d'autres ne veulent pas perdre leur statut d'esclavagiste acquis depuis des siècles. Cet aspect politique et le racisme qui en résulte aurait pu être abordé dès le début, avec la romance en fil rouge. Surtout que le film trouve encore une triste résonance à notre époque.
C'est une oeuvre manquant d'ambition et de moyens; aussi bien financiers qu'artistique; pour devenir passionnante. David Oyelewo sait mettre de l'intensité et de l'émotion dans ses discours. De même les enjeux politiques sont intéressants, mais cela reste surtout une romance mièvre assommée par une réalisation aussi plate que sa dramaturgie.