Après deux moyens métrages (dont l'insoutenable "Aftermath") , Nacho Cerda réalise ici son premier long avec une belle assurance et un savoir-faire certain. Certes « Abandonnée » ne s’élève guère au-delà de la série B sur le fond, par contre il étonne par une mise en forme proche de l’hystérie très communicative. Il rejoint par-là, dans une moindre mesure, la vague espagnole qui de Balaguero, de Di Iglesia ou de Amenabar qui sont venus redorer le blason des films d’horreur européens ces dernières années.
L’agressivité de la bande son et un montage énergique compriment le spectateur dans un étau d’angoisses et de stress dont il se libèrera qu’au dénouement. Pas de gros effets grand guignol, pas de gore, Cerda privilégie le voyage initiatique entre vie et mort. Il insuffle l’irréel qui vient se confondre ou se superposer au rationnel. Le retour aux sources de l’héroïne, tenant plus d’une expression fantasmatique de son parcours. Le malaise est profond et les non dits ou non vus traumatisent plus que les apparitions.
S’il ne vient pas révolutionner le genre, « Abandonnée » est le film d’horreur le plus culotté qu’il nous ait été donné de voir cette année.