Ce n'est pas un film ni même un sujet contre lequel on souhaiterait déployer un torrent d'argumentation. Il est question de personnes vivant dans une pauvreté conséquente, un quotidien marqué par les difficultés et la nécessité d'une adaptation constante : Jin Ong retrace le parcours de deux jeunes adultes évoluant dans un quartier de réputé de la capitale malaisienne, Kuala Lumpur, réputé pour la densité de marginaux errant au sein de la population. Ce sont de vrais cumulards, ils sont orphelins, ils sont sans papier, ils sont pauvres, ils vivent dans un semi-taudis au milieu d'un de ces HLM miteux, et pour couronner le tout, l'aîné (interprété par Wu Kang-Ren, une superstar taïwanaise) est sourd. On voit venir d'assez loin la description d'une existence faite de débrouille, peuplée de connaissances qui brassent toutes les configurations possibles en termes de marginalité, et on ne peut pas dire qu'on soit tant surpris que ça lorsque tombe sur eux deux le couperet fatal structurant 90% de ce genre de production du registre dramatique. Jusque-là ils parvenaient bon an mal an à survivre, mais un événement particulier marquera le début des vraies emmerdes, le début de la fin, l'accident qui rompt l'équilibre précaire, la misère supplémentaire qui se rajoute à un niveau basal de pauvreté conséquent, etc.
N'ayant pas d'inclination particulière en matière de gros drame qui tache, de grand sens du sacrifice, de grande preuve d'amour au-delà des liens du sang, "Abang Adik" ne m'apparaît que sous sa perspective la plus attendue — ce n'est pas du tout un drame misérabiliste, mais c'est un drame très très dramatique, disons. Seule petite réjouissance personnelle : le bouillon de cultures variées qui semblent structurer les environs, avec une profusion d'idiomes différents, malais, cantonnais, langue des signes et mandarin.