Encore un film venu d'ailleurs et vu au Festival rochelais en avant-première : Abel, le film mexicain de Diego Luna et le premier long-métrage de l'acteur en tant que réalisateur.
Outre la prestation ébouriffante du jeune interprète Christopher Ruiz-Esparza, un nom et surtout un visage entre innocence et gravité qu'on n'oublie pas, le thème de la folie enfantine est subtilement abordé, l'enfant ne sortant de son mutisme, après deux années passées en HP, que pour endosser de façon irrésistible le rôle de père et de mari au sein de sa famille, avec un sérieux et une détermination qui laissent pantois: la scène où Abel, imperturbable, s'introduit dans le lit de sa mère, bien décidé à jouer les époux performants est typique de ce mélange tragico-comique qui fait la force du film.
Car dans le même temps, derrière le rire qui nous saisit convulsivement devant les mimiques plus vraies que nature d'un enfant de 9 ans, se profile l'ombre d'une souffrance qu'il tente d'éradiquer à sa façon dans ce jeu de rôle qui oscille d'un bout à l'autre entre drame et comédie, et si la farce est bien présente, le malaise n'est pas loin.
Un coup d'essai plutôt réussi qui traite avec une apparente légèreté du complexe d'Oedipe revisité à la manière de.