... Poil au yéti.

Il est toujours dommage de plus parler d'un film pour les pseudo-polémiques qui l'entourent que pour ses qualités intrinsèques. DreamWorks s'en serait sans doute bien passé sur ce coup là, à moins que le studio la jouerait cynique en considérant que toute publicité est bonne à prendre, pourvu que l'on mette en avant leur nouveau bébé ?

Car il faut bien continuer à faire tourner la machine, et trouver un nouveau personnage phare après le point final apporté à son fétiche Dragons. A ce titre, Everest, sans aucun doute, remplira sans mal les gondoles de tout bon magasin de jouets qui se respecte, option peluche, tant son design se veut ouvertement mignon et totalement cartoon.

Rendant le yéti immédiatement trognon et attachant, en totale symbiose avec les enfants qui se sont pris d'affection pour lui dans sa fuite. Soit tous les ingrédients d'un joli road movie en route pour des vacances à la neige, traversant de superbes décors asiatiques aux couleurs veloutées et rondes.

N'attendez cependant pas que DreamWorks chamboule la formule, ni apporte à son dernier opus un milligramme d'originalité dans ce qu'il propose. Car même si Abominable divertit et offre une facture technique solide, tout en dépaysant un peu ses enjeux, il semblera à beaucoup que l'oeuvre a avalé tout ce que les autres films d'animation ont fait ces dernières années. Le parfum de Là-Haut sera donc loin d'être étranger à l'entreprise, par exemple, tout comme certains aspects du formidable Kubo et l'Armure Magique, ou encore l'immortel Mon Voisin Totoro. Et si les touts petits n'y verront sans doute que du feu, tout à leurs frissons et à leur ravissement de voir évoluer une mignonne boule de poils, les plus grands ne pourront s'empêcher de relever la montagne qui sépare sur ce coup là DreamWorks d'une quelconque volonté de se creuser un peu les méninges.

Même constat du côté du propos, surtout concernant la famille et les traumas charriés par la charmante petite héroïne, déjà rincé avant même d'avoir été convoqué. Ou encore de certaines facilités dans le retournement de veste pour un faux méchant.

Sauf qu'à côté de cela, il est pourtant difficile de bouder son plaisir ou encore de rester insensible, vu qu' Abominable évolue sans aucun temps mort et mise à fond sur le pouvoir d'attraction de son petit groupe cheminant vers l'Everest, balançant constamment entre séquences plutôt spectaculaires et surprenant moments touchants dau cours desquels affleure comme un éclair de grâce, à l'image du rapport à la musique entretenu par Yi et Everest, ou à l'occasion d'une pluie fertile déchirant la brume, sous-tendant un message environnemental plutôt plaisant.

Au point d'oublier l'humour pas toujours bien finaud, ou encore le fait que cet adorable yéti se transforme en deus ex machina sur pattes. Sauf que le talent musical de la petite Yil, tout comme la magie des pouvoirs de l'animal, opèrent avec une facilité déconcertante. Jusqu'à se surprendre à considérer, malgré le classicisme du film, que tout cela était émouvant et que c'était plutôt cool, Abominable, en y repensant. Tout en espérant que le film ne restera qu'un one shot, l'histoire se suffisant largement à elle-même.

Sauf que cette sagesse de laisser les choses en l'état, à Hollywood, ça devient un peu comme le yéti : un animal dont on doute qu'il ait un jour existé...

Behind_the_Mask, là-haut sur la montagne.