On sent la dynamique insufflée par les thrillers politiques américains des années 70, clairement, mais comme si elle débouchait sur une absence d'écho au lieu de s'ouvrir à son sujet, devenu aujourd'hui un joli truisme : les journalistes ne sont pas en règle générale des modèles de vertu. "Absence de malice", dont on se demande encore aujourd'hui pourquoi a-t-on choisi une telle traduction littérale qui ne veut pas dire grand-chose en français, là où elle est censée signifier quelque chose comme "sans intention de nuire", se focalise sur un travers particulier de la société américaine, à travers le prisme de son empire médiatique. Ce n'est pas un thriller car les fils sont tous apparents, l'innocence des uns et la culpabilité des autres sont presque distinctement énoncées dès qu'un personnage entre en scène, mais il s'attache à décrire comment il est facile de pointer des accusations sans preuve dans les colonnes d'un journal (ici à l'encontre d'un Paul Newman aux cheveux grisonnants, fils d'un bootlegger accusé à tort d'être el coupable dans une histoire de meurtre d'un syndicaliste) là où la preuve de l'innocence n'intéressera personne. C'est Sally Fields, toute en coiffure des années 80, qui joue le rôle de la journaliste manipulée dans un premier temps par le FBI, puis in love avec son sujet d'étude, pour finalement se retourner contre les méchants à la fin.
Le film est mou et presque dépourvu d'enjeux à cause de la nature de la dialectique qu'il impose, vraiment faiblarde, et sans doute victime de l'effet du temps, peut-être, un peu. Le FBI qui manipule la journaliste qui manipule un homme innocent qui manipule un district attorney... c'est fatigant. D'autant que tout ce qui a trait à la recherche du scoop pour le scoop est soporifique, peu détaillé, et pas du tout novateur en 1981. Le film est entièrement dédié, quelque part, aux effets d'un article à sensation produit par le "mauvais journalisme" sur le long terme, dans un mouvement presque pédagogique — en forçant un peu le trait. Seul moment vraiment réussi : la scène de confrontation finale des principaux intéressés, arbitrée par l'irremplaçable Wilford Brimley avec sa tête de pas content. Quand il sort son "You had a leak? You call what's goin' on around here a leak? Boy, the last time there was a leak like this, Noah built hisself a boat.", ça claque. Mais le canevas est bien trop classique pour mériter le détour.