Sur le papier, ça a quand même de la gueule. Simon Pegg dans un film de Terry Jones. Yes sir, la quintessence de l'humour so british, présent et passé. Intemporel, quoi. La Vie de Brian of the Dead, Sacré Fuzz, Le Sens de la Vie avant la fin du Monde... Le Cirque Volant des Monty Python dans l'appartement de Spaced, c'est que ça doit prendre de la place, hein, on va voir ce qu'on va voir ! Oui, mais non. Un peu comme dans la vie où on se rend compte qu'il y a des fantasmes qui ne valent pas tripette une fois qu'on les réalise, au cinéma aussi certaines (fausses) bonnes idées mériteraient de rester au stade d'idée et de ne jamais se matérialiser en film.
Déjà, le synopsis aurait dû nous mettre la puce à l'oreille : un type insignifiant qui se voit doté du pouvoir de réaliser absolument tout ce qui lui passe par la tête, ça sent fort le "Bruce Tout-Puissant" made in England. Pas forcément bon signe et effectivement, à la vision du film, la plupart des craintes qu'on pouvait avoir se réalisent au fur et à mesure que la plupart des espoirs qu'on pouvait avoir s'estompent. Si "Absolutely Anything" ne manque pas vraiment de folie (évidemment, vu le sujet) ni trop de rythme (ce qui est quand même primordial pour une comédie), il manque cruellement d'originalité. Et ça, venant de la part d'un type qui a fait chanter "Galaxy Song" à Stephen Hawking, c'est assez impardonnable. Quant à l'aspect comédie romantique du film, vu et revu des milliers de fois, avec en plus une Kate Beckinsale d'une fadeur assez remarquable, je n'ose même pas en parler.
Et puis le plus décevant dans toute cette entreprise, c'est que ça paraît daté. L'humour, surtout (on nous sort quand même la tronche de Sarah Palin comme éventuelle récipiendaire du pouvoir absolu... hé ho, on se réveille, on est en 2015 !). Et là encore, de la part d'un type certes septuagénaire mais qui m'a fait hurler de rire pas plus tard que l'an dernier en reprenant sur scène avec ses potes des sketches désopilants pourtant vieux de près de 50 ans, c'est assez décevant. Paradoxalement (mais on n'est plus à un paradoxe près), pour le côté SF, les effets spéciaux paraissent trop modernes (à part les grandes oreilles et les pieds palmés, certes) et on aurait bien vu quelque chose de plus vintage ou de carrément bricolé (des animations de Terry Gilliam, par exemple) pour figurer l'espace et les extra-terrestres plutôt que les créations numériques hideuses qu'on est obligé de se taper.
Mais bon, malgré (ou grâce à, peut-être) tous ses défauts, "Absolutely Anything" a ses côtés sympathiques. Le charisme de Simon Pegg, notamment, même s'il paraît plus à l'aise dans les rôles qu'il écrit lui-même. C'est un peu comme si on avait pris avec lui une machine à remonter le temps et qu'on s'était retrouvé dans une comédie des années 80 avec ce bon vieux Robin Williams au top de sa forme. Sympathique, oui, mais pas génial. Qui ne casse sûrement pas trois pattes à un perroquet, en tous cas. Surtout si celui-ci est déjà mort depuis longtemps.