TITANIC TON PERE !

Ai fait cette blague un peu bête (forcément, trouvée sur internet...) à ma nièce (14 ans), récemment : (attention c'est visuel, il faut donc imaginer) au dessus de la photo du commandant Cousteau, la légende "Je suis crevé, ce soir je me..." Evidemment, elle n'a rien compris puisque, comme hélas beaucoup de "millennials", elle n'avait absolument aucune idée de l'identité de ce vieillard à lunettes et bonnet rouge sur la photo. Si elle a un soupçon de bon goût (et j'ai la faiblesse de le croire), pas sûr que ce film lui donne envie d'en savoir plus sur le personnage et sur le monumental et formidable travail (aussi bien sur le plan océanographique que sur le plan audiovisuel) accompli par ce pourtant vieux salaud. Et c'est bien là le principal reproche qu'on peut faire aux responsables de cette bouse qui en plus de foirer royalement leur premier objectif (divertir) passent complètement à côté du second (intéresser, éduquer, cultiver, ouvrir l'esprit, donner envie...). Bande d'incapables ! Au passage, c'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'on retient du film : Cousteau, c'était rien qu'un vieux salaud mégalo (mais attention, hein, un vieux beau, un mégalo génial et un salaud attachant !).
Sans rire, on peut encore produire des machins pareils en 2016 ? Et oser les montrer ? Tout a l'air en toc dans "L'Odyssée", tout sonne faux et, à force, tout devient risible : les effets spéciaux (du latex dégoulinant et des poiscailles numériques qui ont l'air moins réalistes que la faune aquatique d'un film comme "Le Monde de Nemo"...), la nunucherie de la saga familiale (adultère soft, rapports père-fils compliqués...), le symbolisme lourdingue (le commandant à la barre du navire/famille pendant la tempête...), le kitsch des scènes sous-marines (dans un film consacré à Cousteau, quoi ! vous n'avez pas honte ?), la naïveté et la lourdeur d'un message écologique pourtant hautement recommandable... Je mets d'ailleurs au défi quiconque ayant un QI supérieur ou même à peine supérieur à celui d'un poulpe de ne pas éclater de rire (ou au minimum pouffer) devant un Lambert Wilson en fausses rides qui déclame à un Pierre Niney en fausse barbe sur une fausse banquise et sous un faux soleil qu'il a "voulu conquérir le monde alors qu'il fallait le protéger"... et qu'il le regrette, bien sûr ! Ajoutez à cela l'absence total de proposition ou de point de vue de mise en scène, Salle filmant et montant son truc comme un téléfilm programmé l'après-midi sur une chaîne de la TNT, et il ne reste rien. Rien. Le vide abyssal, comme celui des océans, ce qui du coup est raccord avec le sujet mais bon... Bon, allez, pour être gentil, on pourra quand même éventuellement sauver les interprètes du naufrage, en particulier une Audrey Tautou assez marrante et assez inattendue en Simone Cousteau alcoolo et gouailleuse. Par charité, par contre, on passera sous silence la courte prestation de Laurent Lucas en marin bègue ou celle des deux horripilants gamins en fils Cousteau enfants.
Au final, on se dit surtout qu'on aurait mieux fait d'occuper ces deux looooongues heures autrement. On aurait pu jouer au jeu des 7 familles, par exemple, c'eût été plus intéressant : "Voyons, voyons, dans la famille Cousteau, j'ai donc le père, la mère, le grand-père, les deux fils... ah ben tiens, il me manque le frère !" "Pioche", auraient répondu avec un sourire entendu les scénaristes et les producteurs de "L'Odyssée". Et c'est bien dommage parce que vu leur façon d'aborder les personnages, il y avait là matière à rigoler encore plus. Ou pas.