La lie aquatique
Ils sont rares les biopics réussis, ceux qui sortent des sentiers battus, qui vous baffent, qui vous ébouriffent, qui tentent des choses plutôt que de strictement raconter, sans audace ni...
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le 10 oct. 2016
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Ils sont rares les biopics réussis, ceux qui sortent des sentiers battus, qui vous baffent, qui vous ébouriffent, qui tentent des choses plutôt que de strictement raconter, sans audace ni originalité, la vie et le parcours de telle ou telle personnalité. Et si on en vient à évoquer les biopics français, là soudain on se retrouve face à un gouffre, de l’antimatière. Pour quelques succès à la marge, beaux et conquérants, combien de trucs consensuels, de machins déjà oubliés ? On citera quoi ? Le Van Gogh de Pialat, le Chanel et Stravinsky de Kounen, le Saint Laurent de Bonello, et puis quoi d’autre ?… Pas cette Odyssée en toc en tout cas, aussi palpitante qu’un banc de mérous atrabilaires.
Retracer les heures de gloire du commandant Cousteau et ranimer en nous le souvenir de ses émissions d’antan, certes, mais alors pourquoi, pourquoi en faire un produit si fadasse, compassé, calibré, pensé d’abord pour un public de télé et par des producteurs effarouchés pour qui "prendre des risques" se résumerait à Alexandre Desplat et manigances publicitaires ? Tout ici transpire la morosité cinématographique, suinte l’académisme esthétique et intellectuel : chromos rutilants, vieille rancœur éculée entre le père et le fils, mise en scène standard et personnages limités à des clichés, à des fonctions, comme par exemple ceux de la compagne de Cousteau (pauvre Audrey Tautou, réduite à jouer l'épouse bafouée qu'elle transforme en bobonne vulgaire jamais loin de la vendeuse de poisson), d’un de ses frères ou de son deuxième fils, fantoches posés ici et là dans les décors avec deux/trois âneries à déclamer quand il faut.
Le film malmène gentiment le mythe Cousteau (que Lambert Wilson incarne avec élégance, à défaut de prestance, mais la simplification scénaristique de son rôle ne l’aide pas non plus), effleure à peine ses zones d’ombre, révélant aussi bien son côté idéaliste qu’égocentrique et mégalo, avant de revenir dans le droit chemin de l’imagerie d’Épinal jusqu’à un final tire-larmes capitalisant sur la mort de Philippe (qui n’est plus la même que dans la réalité, puisque moins cinégénique et plus effroyable) et un laïus écolo gnangnan aussi grossier que la barbe postiche de Pierre Niney. Il reste de jolis paysages et de jolies séquences sous-marines, mais pour ça on a déjà trois tonnes de films documentaires qui se suivent et se ressemblent (La planète bleue, La planète blanche, Océans…). À ce niveau de conformisme et de rase-mottes psychologique, on ne peut plus vraiment appeler ça du cinéma : on appelle ça du formatage.
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le 10 oct. 2016
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