The Untold Story
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
18 j'aime
Le home invasion, il y en a des dizaines et des dizaines et aujourd’hui, si on veut avoir une chance de sortir du lot, il n’y a pas beaucoup de possibilités : soit il faut faire dans l’originalité, soit dans l’efficacité. Accused, le film du jour, fait dans les deux, l’originalité pour le fond, avec les nombreuses thématiques abordées et traitées, et l’efficacité dans la forme, avec une tension qui est parfaitement gérée. Dernier film en date de Philip Barantini, acteur réalisateur qui a mis en boite Villain (2020) et surtout The Chef (2021), qui était déjà un excellent exemple de tension hallucinante alors qu’il racontait simplement la vie d’une brigade de cuisine, Accused dépeint une version effroyablement réaliste et précise de notre monde actuel, une société malade, tordue, à double vitesse en fonction de la couleur de peau ou des origines ethniques. Oui, Accused est un home invasion qui vaut vraiment le coup d’œil.
Nous allons suivre Harri, un jeune homme vivant à Londres qui, lors d’un trajet en train vers son Yorkshire natal pour aller garder le chien de ses parents, apprend qu’un terroriste a fait exploser une bombe dans la gare où il vient juste de partir, faisant plusieurs morts. Des images de surveillance commencent à circuler sur le net et des activistes des réseaux sociaux identifient par erreur Harri comme étant le terroriste, ce qui va susciter une vague de messages plein de haine et de fureur contre lui (il est d’origine pakistanaise), les laissant lui et sa petite amie complètement déstabilisés. D’autant plus que, de fil en aiguille, l’adresse de ses parents où il se trouve actuellement est divulguée et deux hommes masqués, qui ont décidé de faire justice eux-mêmes, se rendent dans le Yorkshire à la recherche d’Harri qui va devoir essayer de survivre à cette nuit des plus dangereuses. Le postulat de départ est assez simple, mais Philip Barantini sait très bien comment maintenir sa tension, en particulier en utilisant parfaitement les décors dans lesquels évolue Harri au point de nous mettre dans le même état de stress que ce dernier. Le scénario se passant quasi en temps réel et de nuit, Barantini et son directeur photo vont parfaitement savoir exploiter l’obscurité et cet environnement isolé de campagne. On est sans cesse en train d’observer le décor, les arrières plans, pour voir si, à l’instar du protagoniste qui subit l’agression, on ne voit pas quelque chose qui pourrait se cacher derrière un arbre ou dans un recoin de porte. Le réalisateur ne succombe à aucun moment aux clichés habituels du genre. Ici, les voitures démarrent, le héros ne se prend pas les pieds dans un truc qui n’a rien à faire là juste pour créer artificiellement du suspense, et préfère laisser parler la peur naturelle de ce genre de situation, aussi bien pour le héros que pour nous, spectateurs. Tout est fait pour qu’on se sente constamment sur le qui-vive, tout en nous fournissant des commentaires réfléchis qui rendent la situation d’autant plus terrifiante. Si cette tension fonctionne aussi bien, c’est parce que les thématiques abordées sont réelles, et il suffit de trainer un peu sur les réseaux sociaux pour y voir la haine qu’on peut y trouver, la dénonciation, les jugements hâtifs, les plus bas instincts de l’être humain, d’autant plus si on est un “étranger” pour certains.
Accused repose quasi intégralement sur les épaules de Chaneil Kular, acteur de séries vu dans Doctors ou Sex Education, et qui pour un premier rôle dans un long métrage s’en sort à la perfection. Il capture parfaitement la peur et la panique que l’on peut ressentir dans une situation comme celle-là, et ce avant même que la partie home invasion ne commence réellement. Le film est court, bien rythmé, et là où il fait fort, c’est qu’il réussit à faire monter en pression avant même qu’il ne se passe réellement quelque chose, une pression amenant de la tension sans jamais que cela ne retombe. On a réellement ce sensation d’urgence qui est présente et Accused est un exemple à suivre de stress cinématographique très bien géré. La mise en scène capte parfaitement les accusations sans fondements qui sont faites envers Harri, cette haine soudaine sans connaitre la personne, juste sur des préjugés, sur les raccourcis que cela peut engendrer, à une époque où les gens croient plus un flux Twitter / Facebook / Instagram sans qu’aucune information ne soit vérifiée plutôt que de vraies sources journalistiques. Oui, le scénario donne clairement à réfléchir et bien qu’on puisse trouver la façon de faire un peu facile, il est le moteur de cette tension, d’abord textuelle avec donc ces réseaux sociaux qui s’emballent beaucoup trop, puis par la présence physique de ceux qui ont pénétré dans la maison, la base d’un home invasion. Accused arrive parfaitement à dresser un portrait déprimant de cette société qui est aujourd’hui bouffée par les réseaux sociaux, la technologie, et la xénophobie qu’on y expose désormais sans se cacher, sans honte. Le montage est rapide, intelligent, et participe également à cette réussite. Bien entendu, la suspension d’incrédulité doit rentrer en compte car Accused enfonce à fond la pédale d’accélérateur pour appuyer son propos. On regrettera que la partie Home Invasion reste trop classique, malgré son efficacité, et devant la réussite de la montée en tension qui a précédé, elle n’explose pas suffisamment pour que le film atteigne les sommets du genre.
Accused est un des meilleurs exemples récents de stress cinématographique. Un film qui vous tient en haleine tout du long, et au final un bon home invasion qui met en exergue le rôle des réseaux sociaux et des médias dans la diffusion d’informations non vérifiées.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-accused-de-philip-barantini-2023/
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 22 août 2024
Critique lue 35 fois
Du même critique
Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...
Par
le 31 janv. 2022
18 j'aime
Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...
Par
le 25 févr. 2013
18 j'aime
9
Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...
Par
le 3 juil. 2019
17 j'aime
1