Takashi Miike a totalement abandonné son cinéma déviant façon Audition et Ichi the Killer, et s’est concentré depuis des années sur des projets pas nécessairement médiocres mais affreusement populaires et donc totalement opposés aux premiers pas du maître. D’un autre côté on se dit que c’est pas plus mal. Mieux vaut un bon réalisateur qui nous serve des produits pop acceptables plutôt qu’un qui nous fasse du jus de navet comme ce fut le cas avec le Gantz de Shinsuke Sato. Miike a choisi de maintenir autant que possible le mainstream à un certain niveau tout en se faisant des couilles en or, en somme il est loin d’être con.
Loin d’être con au point de nous livre ce Ace Attorney, projet affreusement casse-gueule. C’est amusant de jouer les avocats dans un jeu-vidéo survolté sur sa DS ou sa Wii, mais porté à l’écran, affichant 2h15 au compteur, en plus d’une interactivité supprimée, cette histoire risquait très fortement de se transformer en un somnifère à l’effet surpuissant.
Même pas ! Le réalisateur nippon nous livre effectivement un produit hype comme la plupart des productions jeunes venues du soleil levant, vendable aisément à tous les adolescents, mais en plus il nous livre une grande enquête policière et une bataille juridique passionnante avec son lot de retournements de situations, ses grands plaidoyers aussi intelligents qu’hilarants, faisant de ce Ace Attorney une, ou sinon LA meilleure adaptation vidéoludique de tous les temps, rien que ça !

Miike est néanmoins coincé dans cette histoire qui ne lui offre que peu de marge de manoeuvre pour essayer d’imposer des zestes de folie démesurée comme avec God’s Puzzle, Yatterman, ou ses Zebraman. Les gimmicks du jeu-vidéo sont son seul moyen d’user d’excentricité, et cela il s’en sert bien. Les avocats se lancent des hologrammes au visage, ils hurlent « objection », la foule manifeste son étonnement en tombant carrément au sol, bref on a suffisamment d’extravagance pour prendre son pied, mais peut-être pas autant que pourrait l’espérer un fan du cinéaste.
Les personnages principaux sont aussi là pour augmenter le degré de folie mais aussi de fidélité au produit original. On retrouve le rookie Phoenix Wright interprété par Hiroki Narimiya qui s’éclate à faire le clown dans le peau de ce personnage atypique, puis Miles Edgeworth campé par un Takumi Saitô tristounet comme dans le jeu-vidéo, et enfin Dick Gumshoe, lui aussi interprété par un poseur hilarant, Shunsuke Daitô.
Ace Attorney c’est donc 2h15 de pur délire et d’incessante rigolade, réussissant toujours à mêler habillement enquête et burlesque sans que l’un des deux ne dévore l’autre. Finalement tout cela défile très vite sous nos yeux, et l’on aurait presque envie de remercier la production de continuer le délire durant le générique de fin, prolongeant le plaisir jusqu’à en distiller la dernière goute.
SlashersHouse
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le 7 sept. 2012

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