Achille et la Tortue par Rhyscard
La dernière pellicule de Beat Takeshi Kitano est en rupture avec ses films les plus récents, presque déconstruits. Achille et la Tortue marque le retour du cinéaste à la narration et nous conte la vie d'un peintre raté de l'enfance à l'âge mûr, s'obstinant à peindre sans jamais exposer ou vendre, sans jamais atteindre une quelconque reconnaissance du public.
Comédie à l'humour souvent d'une noirceur charbonneuse, ironique et burlesque, le long-métrage est un hommage au désir jamais assouvi, à la folie douce inhérente à la création artistique et à la peinture du XXème siècle. Tous les styles sont mis en avant ici (notre artiste étant copiste par moments): pop-art, cubisme, fauvisme, body-art...
On ne peut qu'être touché par cet artiste au mutisme tragique, à la folie presque autiste et empreinte des blessures de l'enfance, interprété magistralement par Kitano à l'âge adulte. D'autant qu' Achille et la Tortue se veut autobiographique (notre réalisateur se remettant toujours en question et ayant toujours souffert d'une reconnaissance artistique trop rapide à son goût).
Frais, aigre-doux et à la photographie magnifique, Achille et la Tortue est à voir absolument.