Malgré les tares filmiques hispaniques que les moins cinéastes peuvent se bouffer en se représentant le cinéma espagnol par des films comme "Rec", de temps en temps, voir bien souvent, on nous sort des uppercuts bien décalés, et c'est ce que fait Iglesia en 92-93 avec "Action mutante". Je ne me suis jamais autant fendu la gueule sur les types différemment foutu qu'avec ce film en me sentant moralement bien. Car Iglesia fait de ces handicapés des personnes totalement ingrates et surtout pas attachante, mais parfois si mélancolique que l'on a envie de s'y intéresser. Enfin en partie pour le siamois qui a la chance de SPOILEEEEEER vivre plus de 30 secondes FIIIIIIIIN … c'est sûr, avec ce premier long métrage, on sait à qui on a à faire, et on voit que le bonhomme traîne toujours dans le même bordel à notre grand plaisir.

C'est l'histoire d'un mec, il s'appelle Ramon, et est le leader d'un groupe de malformés et déficients mentaux, ensemble ils organisent les enlèvements les plus bidons du cinéma pour donner une bonne leçon à ce monde futuriste où seul les gens favorisés le sont encore plus. Voilà que nos compères s'embarquent pour le kidnapping d'une fille au rire singulier qui passera sa lune de miel avec ses kidnappeurs qui utilisent comme cheval de Troie un gâteau géant. Et tous les kidnappeurs n'auront pas leur part du gâteau puisqu'en effet, un traître est parmi eux. Et là, c'est le point de départ d'une épopée dégantée et décalée pour Ramon et la jeune fille, où en plus de devoir échapper à la famille de bourge, devra faire face à un petit tas de dégénérés.

Ça ne fait plus aucun doute, les espagnols sont aussi bons pour la paëlla que pour les films étranges (moment stéréotypé), dans "Action mutante", on commence par entendre un cri, et dès lors, le film nous emporte dans une autre dimension, un grand vide nous entoure et seulement "Action Mutante" est là. Dans la forme, Iglesia nous fournit un taux d'humour considérable du début jusqu'à la fin, le mêlant à un esprit SF-Gore, nous donnant une bonne dose d'humour noir. Par exemple le fait que le siamois se coltine son frangin mort pendant toute la seconde moitié du film après qu'il se soit fait empaillé par un taxidermiste solitaire aveugle, ou la scène de torture ridicule, mélangeant rasoir, poil & sel. Côté situation absurde, on a aussi bien notre compte, et c'est le tout qui fait de ce film un chef d'œuvre dans son genre.

Dans le fond, Iglesia profite de son film pour forniquer un peu tout le monde, que ce soit les terroristes représentés par une bande de manchot incompétents et surtout "différents", dénué de la moindre ingéniosité, les journalistes et en gros les médias qui en prennent plein la gueule, surtout dans la scène finale complètement jouissive, et enfin les autorités qui en prennent aussi pour leur grade, se montrant inefficace et légèrement brute (n'est-ce pas). Un film en somme que l'on peut qualifier de parfait dans le genre, divertissant, prenant, brillant. Le seul hic, c'est que ça se passe un peu trop vite et à contrario, on peut voir quelques longueurs par ci par là, mais rien de suffisant pour faire la gueule au premier long métrage de l'hombre.

C'est sûr que l'on pourrait facilement critiquer les effets spéciaux et les décors (le vaisseau en particulier), mais c'est ce qui fait tout le charme de ce film, avoir un budget quasi-dérisoire (2 millions c'est quand même pas énorme pour un film) et malgré tout ça, la mise en scène, les acteurs, les scènes d'actions, tout est fait pour qu'on y croit. Et malgré la popularité du film, côté VF on est plutôt gâté entre la voix d'Harrison Ford, celle de Dr. House, celle de De Vito ou celle du nouveau Joker pour l'enfant tortureur (ptite blague). Je suppose que la phrase la plus marquante du film, hormis le discours moralisateur à deux balles de Ramon, sera pour tous les spectateurs : "Nain bossu, juif, franc maçon, communiste et présumé homosexuel ", tu parles d'un handicap.

Bon Film :)
P-D
9
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le 18 nov. 2013

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P-D

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