James Gray est un réalisateur encore méconnu du grand public. Et même s'il n'a plus rien à prouver après son excellent The Lost City of Z, il donne l'impression dans Ad Astra de ne pas être confiant dans ce qu'il propose et ça donne un film très moyen.
Là où Gravity, Seul sur Mars, Life, Interstellar (parmi les plus gros films de SF des 10 dernières années) avaient tous un sujet qu'ils traitaient et créaient une ambiance autour, dans Ad Astra, Gray veut aborder tous les thèmes : solitude, dangers dans l'espace, catastrophe. Le bémol, c'est qu'en souhaitant tout faire, il rate tout.


ATTENTION : la suite de la critique contient des spoils.
Le film est centré sur le personnage qu'incarne Brad Pitt et a comme ligne directrice un astronaute qui recherche son père dans le but de sauver le système solaire de surcharges électriques qui déciment la population sur Terre. À aucun moment du film, on ne voit ce qu'il se passe sur Terre et ce qu'engendre les surcharges électriques. On nous dit juste qu'il y a beaucoup beaucoup de morts...Même les quelques images que l'on aperçoit de la Terre, c'est pour nous montrer des paysages magnifiques. Du coup, le thème de la survie de la population, on ne sent pas vraiment concerné. On ne ressent même pas le poids de l'humanité sur les épaules du héro là où dans Interstellar, le parallèle Espace / Terre nous rend compte tout au long du film de la gravité des catastrophes et de l'urgence de régler le problème.


Roy McBride, protagoniste du film, est asocial. Il est traumatisé par l'abandon de son père et n'arrive pas à s'ouvrir aux autres. Il préfère rester seul. La solitude dans l'espace est le thème principal du film. Pourtant, autre thème, même problème. Dans Gravity ou First Man, l'ambiance des films est très silencieuse. On concentre l'image sur le personnage ou sur la grandeur de l'environnement. Alors il est clair que les ambiances calmes et silencieuses ne plairont pas à tous les spectateurs, mais c'est un choix assumé et c'est dans la logique de ce que le réalisateur souhaite montrer. Ici dans Ad Astra, d'une part Brad Pitt est loin d'être aussi convaincant dans le rôle de l'homme solitaire et désabusé que l'était Ryan Gosling dans First Man. D'autre part, on a fréquemment des scènes d'action qui viennent plomber l'ambiance posée de certaines scènes. Le souci est que ces scènes d'action n'apportent strictement rien au film (si ce n'est tuer tous les personnages pour retrouver McBride seul). Comme si Gray nous balançait de l'action pour ne pas que le spectateur s'endorme...On se retrouve alors avec par exemple une course poursuite sur la Lune par des pirates qui détruisent évidemment tous les rovers hormis...celle de Roy. Puis plus tard, un MayDay d'un vaisseau étranger où Roy s'aventure avec le commandant de l'équipage. Aucune trace d'humain dans ce vaisseau étranger, mais des singes de labo qui se sont révoltés et tuent évidemment l'accompagnateur de McBride.
La mort suite à suite de tous les personnages accompagnant Brad Pitt est tellement ridicule qu'on finit par croire que c'est fait exprès pour qu'il se retrouve tout seul...En réponse à cela, l'astronaute McBride est omniscient. Bien que tout seul tout le long du film, il a réponse à toutes les situations avec le plus grand sang-froid et sans le moindre doute sur ce qu'il doit faire...


La fin du film n'en est que plus grotesque. On se rend compte que Brad Pitt n'a eu aucun impact sur l'histoire du film. S'il n'avait rien fait, tout se serait passé de la même manière avec peut-être même moins de morts. Il est juste libéré de son traumatisme d'enfance après avoir pardonner son père et il peut aimer à nouveau (l'évolution du personnage qu'on sent arriver dès la première demi-heure du film). Il rentre tranquille sur Terre, sans apparemment de poursuites judiciaires malgré avoir tué un équipage et désobéi aux ordres de ses supérieurs (c'était juste une mission de survie de l'humanité qu'il a mis en danger, c'est pas si grave).


En somme, vous l'aurez compris, j'ai le sentiment que James Gray a pris plusieurs thèmes sur l'espace qu'il a pu trouvé dans les précédents gros titres hollywoodiens et les a mixés dans Ad Astra, sans créer de réelle ambiance. On sent par moment qu'il essaie de bien faire, mais qu'en même temps il essaie de justifier son film ou d'ajouter des scènes d'action sans intérêt pour garder en vie le spectateur.


Mot de la fin : oubliez la SF et transposez le film sur l'univers de la piraterie et tout y est. Peut-être qu'Ad Astra était un film de pirates à l'origine et ça expliquerait les non-sens du film.

SuperSteiner
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le 21 sept. 2019

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