Fade Astra
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le 20 sept. 2019
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AD Astra est un film d’anticipation américain réalisé par James Gray et réunissant de belles têtes d’affiche : Liv Tyler, Donald Sutherland, Tommy Lee Jones et Brad Pitt, qui entre Once Upon a Time et Ad Astra, aura animé l’année 2019. Au menu du film, un casting prestigieux et un thème éculé mais qui parfois réserve de bonnes surprises : la Terre est menacée de destruction totale et un seul homme a les ressources nécessaires pour pouvoir la sauver. Dans le cas présent, l’homme s’appelle Roy McBride et sa ressource est…génétique puisque l’armée américaine suspecte que le responsable de la menace n’est autre que son père, Clifford McBride, qui a trouvé la bonne idée de ne plus communiquer depuis là où il se trouve, à savoir, Saturne. L’objectif du fils est donc de ramener le père à la raison et à la maison.
L’intrigue est simple voire simplette, on en conviendra. Le souci du film est que l’interprétation, la mise en scène, la psychologie des personnages, les messages sont au même niveau que l’intrigue, voire en deçà.
Brad Pitt interprète un astronaute brillant, imperméable à la pression (son pouls n’a jamais dépassé 80 en mission rendez vous compte !) et obsédé par une chose dans la vie: l’atteinte de ses objectifs, peu importe ce qui se passe à côté. Cet état d’esprit n’est pas sans causer des soucis dans ses relations humaines, notamment avec sa compagne, interprétée par Liv Tyler. Schéma classique. Problème : ce genre de personnage, vaguement sociopathe vaguement Asperger ne colle pas avec un Brad Pitt. Ce n’est pas crédible ! Il n’est ni Joaquin Phoenix ni Doug Jones, il se dégage trop de lumière de lui quand il est à l’écran pour ressentir de la compassion envers ce qu’il traverse et il m’a été impossible d’adhérer à son personnage et ce avant même de le voir, dès le moment où j’ai entendu sa voix. J’évoque sa voix car le réalisateur, peut-être conscient que le jeu minimaliste de Brad Pitt pouvait laisser le spectateur dans le doute, a fait le pari de nous donner par moments accès à ses pensées. C’est ainsi qu’une des premières scènes du film s’ouvre sur une voix off, celle de Brad Pitt, sans émotion, monocorde et prenant soin de décrire cliniquement son état psychologique. Le ton est donné, il gardera ce timbre de voix durant pratiquement tout le film. Peu importe qu’on lui révèle qu’après avoir cru à sa mort durant 20 ans, on lui révèle que son père est encore vivant, peu importe qu’il soit sur le point de s’écraser sur Mars ou d’être tué par des pirates lunaires, sa voix reste identique ! Donc, s’il m’a été impossible de m’attacher au héros je me disais que peut-être les personnages secondaires, voire l’antagoniste, allaient me réserver de bonnes surprises. Quel naïf j’ai fait. Entre une Liv Tyler qui n’est là que parce qu’il faut systématiquement une romance dans un film étasunien, qui n’apporte rien (Brad Pitt est dans une spirale autodestructrice, avec ou sans sa petite amie), un Donald Sutherland qui est censé jouer le rôle de guide car ancien ami du père de Brad Pitt, mais qui disparaît au bout d’1/4h de film, à croire que le réalisateur ne savait qu’en faire, et enfin Tommy Lee Jones, il n y a pas grand-chose à en tirer. Ce pauvre Tommy Lee, sous-utilisé dans ce film, interprète lui aussi un brillant astronaute, pionnier dans les voyages planétaires et héros américain. Son superbe pedigree est terni par une chose, inconnue des citoyens américains : sa recherche obsessionnelle d’une vie extra terrestre. C’est pour le voyageur interplanétaire une obsession qui n’est pas partagée par tous, à commencer par son équipage, et qui l’a amené à s’éloigner de tous, malgré les conséquences. Malheureusement, ce personnage est caricatural dans son jusqu’au-boutisme et il aurait dû être davantage travaillé selon moi.
Alors, oui, je sais, il n y a pas que les personnages dans un film donc parlons du reste. C’est un film qui se déroule successivement sur Terre, sur la Lune, dans une navette spatiale, dans l’espace autrement dit on peut potentiellement s’attendre à des plans superbes dans la lignée récente d’un Gravity ou d’un Interstellar. Sauf qu’on reste sur sa faim. Les quelques scènes travaillées sont rares (dans la station spatiale internationale et sur la Lune) mais le reste se résume à des plans serrés et quelques scènes où l’on voit les navettes en orbite dans l’immensité stellaire. Tout au long du film, j’ai eu l’impression que James GRAY ne savait pas (ou ne voulait pas) filmer de scènes rappelant l’Espace, peut-être se focaliser sur l’aspect humain de l’intrigue. Et c’est un parti pris que je respecte, le film parle davantage de relations père-fils que d’épopées interstellaires mais tout de même ! A aucun moment, je n’ai ressenti cette angoisse absolue d’être seul dans l’espace, de se savoir insignifiant, de n’être littéralement qu’une poussière d’étoile. Cette angoisse de n’être entouré que par le vide, aucune prise, aucune aide, que-le-désespoir. Cela aurait pu contribuer à davantage de tension. Ou pas.
En résumé, je ne recommande à personne ce film. Si vous souhaitez voir un film sur les relations compliquées entre un père et son fils, il y a mieux. Si vous souhaitez voir un film dont l’intrigue se déroule dans l’espace, il y a mieux. Si vous souhaitez voir un film dont le protagoniste est Brad Pitt il y a mieux. Malgré cela, si malgré ces avertissements, vous persistez à vouloir aller voir ce film, sachez au moins qu’il se finit bien. :)
Créée
le 24 oct. 2019
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