Le fanfaron. Michael Douglas en Joseph Ponthus mais volontaire. Les Somewhere&Le Anywhere.

"...nous sommes condamnés à la réussite sous peine de retour à l'enfer des villes" disait Le Bossu (Depardieu), nouveau paysan, dans Jean de Florette. Ici, Douglas joue un quasi prof d'université dans grande ville, qui devient nouvel ouvrier, le temps d'un été dans petite ville, puis hésite à la fin de l'été à redevenir citadin.
"Michael Douglas est très crédible en riche étudiant conduisant déjà une Porsche, en long cursus à la grande ville, qui se pique de devenir un nouvel ouvrier, le temps d'un été, dans une petite bourgade: mais il va prendre goût à la vie plus simple et normale de la petite ville, avant de se rendre compte qu'elle est peut-être aussi contaminée, mais autrement, genre 'Honey trap of an educated hippie'? " (Pierreamo, nouveau cuistre, dans Senscritique)

Une scène où il explique le sujet de ses très longues études d'intello de la grande ville, m'a rappelé celles d'Agnès Jaoui dans dans On Connait la Chanson, sur "les Chevaliers paysans de l'an mil - au lac de paladru " .

Cet éternel étudiant retourne dans une simple petite ville de province à la mort de sa tante,

où il redécouvre le vrai travail manuel et "la culture de l'authentique" (comme le Bossu dans Jean de Florette).

Michael Douglas veut faire et vivre de l'authentique

Je ne retrouve pas les infos sur le net mais il me semble que des révolutionnaires communistes envoyaient les intellos et musiciens faire du dure travail manuel.

Je ne retrouve plus les infos mais il y a eu une mode et habitude de grands intellectuels s'embauchant dans des usines (Hannah Arendt?).

Douglas me rappelle aussi le cas touchant de Joseph Ponthus plus récent (mais Ponthus était lui très très forcé financièrement de s'embaucher dans abattoir).

Quel plaisir de tomber au hasard sur ce film tellement d'actualité! (pardon du cliché)

J'étais fatigué et l'ai abandonné une première fois, n'étant pas certain de continuer mais j'ai bien fait et je conseille de tenir.

La fille et personnage dont il tombe amoureux me rappelle Molly Ringwald et son personnage dans Breakfast Club de John Hughes, 15 ans plus tard.

La scène qui m'a accroché est quand Dana Elcar (qui jouera le boss de MacGyver) demande à Michael Douglas ce qu'il étudie...reste calme à la réponse, "la sémantique"...mais quand Douglas lui répond à une autre question sur le cinéma, qu'il aime les films comme Blow up.

Alors là, Elcar (justement) 'explose' dans une colère noire: 'je suis sorti au milieu, je me suis fait avoir par le titre, quel en était le sujet? comment peut-on aimer un tel film? pourquoi ne peut on plus avoir de bons films juste divertissants?'

'Et pourquoi les étudiants en bêtise inutile ne font pas un vrai travail pour gagner un honnête argent?'

Son explosion me rappelle ce que Claude Pieplu racontait en interview: il était abordé dans la rue par des gens fou furieux lui tirant la manche et lui demandant ce que les shadoks voulaient bien dire.

La tête furax et abasourdie de Dana Elcar à la mention que Douglas aime le film abscons de Michelangelo Antonioni , me rappelle le visage du père dans Billy Elliot, excellent Gary Lewis, répétant "ballet...tu veux faire du ballet...bal-let???"

Dana Elcar n'a qu'un petit rôle mais il s'avère être clé car il vexe et fait réfléchir l'étudiant qui passant devant un magasin de vêtements de sécurité et travail, décide de s'équiper et se fait engager sur un chantier local: scène très drôle où un plan passe sur tous les bleus de travail et chaussures de sécurité de ses collègues, qui sont visiblement très usés (vêtements et hommes);

le plan finit sur le beau Michael Douglas, tout propre, portant panoplie d'ouvrier tout neuve...chaussures renforcées quasi brillantes comme son large sourire hyper satisfait...il est 6 heures du matin (donnant le titre au film), il va travailler, il est à l'arrière d'un pick-up au vent et "il est content".

Il a le sourire de la Reine Elizabeth quand elle va en picnic en Balmoral et sa tâche favorite est d'alors faire la vaisselle, elle adôôôre faire la vaisselle...c'est si amusant...avec Gants Mapa...d'ailleurs un jour, croyant bien faire, Camilla Parker Bowles s'est proposée à cette tâche et en a privée en partie la Reine, pour sa plus grande déception.

Michael Douglas prend le sourire ravi d'un ravi de la crêche car il va travailler à presque 30 ans à 6 heures du matin. Quelle aventure!

C'est un peu le principe des "stages ouvrier" des premières années d'Ecoles de commerce en France: s'assurer que les futurs managers du pays connaissent de bas salaires une fois.

Il devient très ami avec Joe Don Baker, qui lui donne des conseils entre autres sur comment supporter les ampoules aux mains etc.

Le film prend alors un peu un ton du Fanfaron car les deux n'ont pas la même personnalité et éducation mais s'apprennent mutuellement des choses et deviennent amis.

L'étudiant adore une vue sur la vallée et rêve d'une maison mais découvre que le père de celle qu'il aime rêve d'en construire des centaines...bref, son beau père rêve de transformer en ville le coin de paradis bucolique...les écailles tombent des yeux de l'amoureux des lieux et de la plus belle fille du coin, enfermée elle aussi dans sa petite cage dorée qui semble la satisfaire.

La vision pastorale de Douglas se révèle une Chimère idéaliste.

Et le futur lui a donné raison: quoiqu'ils n'ont pas eu aux Etats-Unis un prurit de ronds-points mais plutôt de puits de pétrole et de gaz de schiste...mais comme eux, nous partageons aussi le gâchis de l'eau et l'épidémie de centres commerciaux détruisant terres cultivables.

Je connaissais le Mythe ou réalité du mec qui va chercher une cigarette et ne revient plus jamais, je découvre celui qu'on envoie chercher "la vanille" ? Et qui ne revient peut-être pas.

Dans cette belle scène finale, le fiancé fait à son élue un discours sur sa vision étriquée de l'avenir et de leur avenir, qui me rappelle la théorie à la mode de nos jours de ceux qui veulent être de partout, et ceux qui sont nés quelque part et l'aiment (mais restent parfois de force): cette scène et dialogues de 1970 autour du "on m'a envoyé chercher la vanille" me semble illustrer la théorie à la mode 50 ans plus tard de ceux qui sont "somewhere" et ceux qui se sentent "anywhere" d'un anglais, David Goodhart, reprise notamment par le Français, Jérôme Fourquet.


ps: Mention spéciale au petit rôle de la maman snob et arriviste qui s'obstine à de partout appeler "Docteur" le fiancé qu'elle a trouvé pour sa fille, alors que Michael Douglas ne l'est pas encore et que c'est un Doctorat de Thèse, pas un vrai Docteur au sens où la future belle-mère le sous entend chez sa coiffeuse: elle est jouée par une 'saucy' Louise Latham à la voix et regard très chargées sexuellement (comme si ses yeux et ton, disaient autre chose que ce que ses mots semblent commu-niquer...c'est la mère de Tippie Hedren dans Marnie...alors que quasi du même âge)

PierreAmoFFsevrageSC
8

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le 20 juil. 2022

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