Adam est... Ève par Ninesisters
Un an après Glenn or Glenda (ou quand Ed Wood met ses fantasmes sur pellicule), les Français jouent eux-aussi la carte de la transexualité – un sujet ô combien avant-gardiste – mais dans un registre plutôt comique avec une transformation certes chirurgicale mais au résultat si improbable que cela tient limite de la science-fiction.
Le traitement du « problème » du héros manque cruellement de finesse, voire frise la caricature bien grasse, mais cela va de paire avec l'aspect comique. Il serait malvenu de prendre Adam est Eve pour une chronique sociale ; nous sommes parfois plus près du burlesque, avec Jean Carmet dans le rôle du meilleur ami légèrement balourd.
Enfin tout ça, c'est surtout valable au début... Il faut avouer que cette comédie possède effectivement une véritable portée dramatique, puisque chaque choix dans la vie s'accompagne de conséquences, parfois douloureuses. Même si ce sont ici plus les conséquences sociales – surtout à l'époque – que le choix personnel et intime qui sont mises en avant.
De là à dire que ce film a un peu le cul entre deux chaises ? Pas faux, mais il possède aussi un vrai fond de tendresse, même s'il n'apparait que sur le tard. Il en devient parfois pour le moins touchant. Le dernier tiers de Adam est Eve est probablement le plus réussi, malheureusement une scène finale trop abrupte vient gâcher le potentiel sympathie qu'il avait réussi à développer. Dommage.
Dans l'ensemble, il s'agit décidément d'un film étrange, tantôt grand-guignol, tantôt presque fin et intelligent. Agréable à suivre, surtout dans sa seconde moitié, mais avec des longueurs et un final un peu décevant.