Tentative de réconciliation
Parcourir l'histoire tchèque en compagnie de František Vláčil n'est jamais un moment de grande gaieté, qu'il s'agisse du Moyen Âge ("Marketa Lazarová", "La Vallée des abeilles", ou encore "Le Piège...
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le 8 avr. 2024
Parcourir l'histoire tchèque en compagnie de František Vláčil n'est jamais un moment de grande gaieté, qu'il s'agisse du Moyen Âge ("Marketa Lazarová", "La Vallée des abeilles", ou encore "Le Piège du diable") ou d'une partie plus contemporaine comme les premiers moments de l'après-guerre (le sujet de "Adélaïde", précisément). La configuration adoptée ici est aussi simple qu'étouffante, puisqu'il sera uniquement question d'un soldat ayant passé les dernières années de guerre en Écosse tout juste revenu au pays, missionné pour gérer le manoir d'un ancien baron nazi (qu'il avait lui-même spolié à une famille juive) en cours de jugement. Jugement dont on comprend tout de suite l'inévitable conclusion à venir dans les prochains jours, à savoir une mise à mort certaine. Dans ce lieu immense, sombre et froid, il rencontre la fille du propriétaire allemand, envoyée pour l'aider à l'entretien. "Adélaïde" est ainsi presque entièrement résumé : deux personnages opposés sous de très nombreux aspects s'observent.
La muraille qui les sépare est multiple : elle parle allemand et lui tchèque, il sort de la guerre du bon côté et elle de l'autre, elle est en position de faiblesse là où il est en position de domination, il bénéficie grassement d'avantages divers alors qu'elle attend fébrilement la décision de justice concernant son père. Le style de Vláčil, en cette année 1970, est légèrement différent de celui qu'on peut lui connaître à la lumière de ses films les plus connus (précédemment cités) dans les années 1960 : le noir et blanc classieux est abandonné pour une couleur un peu terne mais adapté au propos, mais on retrouve cette austérité de mise en scène pour illustrer, ici, l'expression de sentiments pour le moins contrastés — sur le thème des avances refusées par la femme dans un premier temps, mais qui font tout de même leur chemin, lentement. Atmosphère étouffante donc, pas toujours captivante malheureusement dans la peinture des deux solitudes qui semblent hermétiques l'une à l'autre en profondeur, au-delà des territoires communs superficiels. La conclusion est à ce titre sans appel, morbide et désespérée.
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le 8 avr. 2024
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