Construction complexe, entremêlant trois récits sans liens apparents (hormis le thème Melvillien de la baleine), et devant beaucoup à Godard (le son aussi fondamental que l'image) et à Duras (le verbe construit à partir de citations littéraires), "Adieu" marque la naissance d'un nouveau cinéaste qui se révèlera sans doute incontournable. Pourtant, la puissance du segment quasi-documentaire sur la construction du camion (prouvant si besoin est la force du cinéma au main d'un vrai créateur), et l'enthousiasmante narration du périple biblique de Jonas mis en parallèle avec le récit d'une émigration clandestine, sont constamment tirées vers le bas par la chronique inutilement pesante et sombre d'un deuil - partie malheureusement centrale d'"Adieu". On est passé de peu à côté du chef d’œuvre de l'année... [Critique écrite en 2004]