Un tout petit film, presque un format et une histoire de court métrage, un film tout plein de tendresse qui sort d'une imagination fantaisiste et tendre, qui se place dans un grand terrain de nulle part, pas partout mais quelque part où tout a disparu: écoles, usine, lieu de culte et même la population. Au milieu du constat du passage d'un monde à un autre,de la fin d'un système, Amaouche ajoute des références qui font sourires aux films de Gary Cooper, donnant à son film un petit air de Western, chaleur, rues vidées, chapeaux... Les comédiens laissent le temps à cette tendresse ultra touchante de s'inscrire, on s'attache à ces personnages qui s'accrochent à pas grand chose et divulguent l'envie d'ailleurs, l'espoir de changer, l'amour, le doute et la débrouille.
A la fin dans ce décors mort, ils tentent de vivre ni mieux, ni moins bien mais en faisant passer un temps qui s'étire pour pouvoir rester jusqu'au bout fiers d'eux, de ce qu'ils auront accompli.

Un tout petit film donc, qui aurait peut-être mérité d'être plus abouti,d'aller plus loin mais un film attachant, plein de petites scènes avec une superbe musique qui en disent long sur l'attente, l'espoir, l'amour, la vie ... Et à la fin, on sort le sourire aux lèvres, tout simplement avec les yeux un peu humide car chacun a su en peu de temps devenir notre semblable, un ami d'un instant qu'on a plaisir à croiser ! Notons que Bacri et Dominique Reymond sont très justes et très impliqués ! L'adieu à l'innocence en quelque sorte pour continuer à avancer, grandir, s'affirmer et décider d'où l'on vient et surtout vers où on veut aller.

Je laisserais pour finir la parole au réalisateur qui dit très bien tout cela
"Je voulais faire un film en prise directe avec une réalité sociale sans m'interdire quoi que ce soit au niveau formel, ne pas forcément aller vers le naturalisme absolu parce que mes personnages sont issus du monde ouvrier. Je comprends les réticences "morales" de certains réalisateurs qui ne veulent pas esthétiser la misère ; mais pourquoi s'interdire de "rendre beaux" ceux qui y vivent ? Les prolos ont eux aussi droit aux projecteurs, aux travellings et au 35 mm. La morale est pour moi la recherche d'une certaine vérité et la vérité n'est pas nécessairement la vraisemblance (...) La tendresse n'est pas un gros mot à mes yeux. Je l'assume totalement (...) Ma plus grande fierté serait d'avoir raconté une histoire qu'on peut trouver gentille, sucrée mais qu'au final, pendant le générique, les spectateurs se disent que le bonbon avait un arrière-goût acidulé."

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le 5 juin 2013

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eloch

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