Je ne pleure que très rarement devant un film. J'ai beau être quelqu'un d'émotif, presque à fleur de peau, mais le cinéma, malgré toutes les émotions qu'il parvient à me procurer, a toujours échoué à me tirer les larmes. Et Adieu les cons m'a fait pleurer, 3 fois.
Dupontel est un artiste que j'admire. Je ne dirais rien de nouveau en soulignant sa singularité dans le cinéma français, prenant les meilleurs ingrédients du drame et de la comédie française, les mélangeant à une potion d'absurde et surréalisme tout anglais, potion magique s'il en est. Adieu les cons n'est que le 3e film que je vois d'un Dupontel réalisateur, et jusque là, c'est claques sur claques.
Il dresse le portrait de personnages brisés par la vie, et brisée par une société qui n'accepte aucun faux pas, ou aucun défaut de ses membres. Une femme mourante (à cause d'une vie de travail) à la recherche d'un fils qu'elle a été forcée d'abandonnée, un homme renfermé et dépressif que le monde du travail a jeté lorsqu'il n'a plus eu besoin de lui, un autre homme, victime d'un violence institutionnalisé et ostracisé par son handicap. Mais, détrompez-vous, il n'y a pas ou peu de pathos dans le traitement de ces personnages. Ils se battent simplement contre une fatalité aveugle (LOL) avec leur armes, et sans désespoir.
A la réflexion, je crois qu'aucun autre homme réalisateur, aujourd'hui, dans le cinéma français, n'écrit mieux les personnages féminin que Dupontel (à part Ozon, dans un autre registre). Car le personnage qu'incarne magnifiquement Virginie Efira est digne et complexe, battant et indépendant. Et quel bonheur de voir de tels personnages féminin dans le cinéma français.
Mais Adieu les Cons, c'est avant tout pour moi une claque émotionnelle. La première fois où j'ai pleuré est cette scène, où ce vieux médecin frappé d'Alzheimer, parvient à rentrer chez lui, pour retrouver une femme dont il ne souvient plus, dans une maison qu'il ne souvient plus, et qui parcoure du regard les photos, souvenir d'un autre homme qu'il a été. Puis il y a cette scène finale, fataliste et grandiose, qui finit de résumer l'avis de Dupontel sur le monde. Il n'y a pas d'espoir pour les outcasts, pour les victimes des choses de la vie.
Adieu les cons est un grand film français, une comédie noire et dramatique, qui raconte si fort notre société, le manque de solidarité qui la caractérise, sa bureaucratie pharaonique, et les femmes (et hommes) qui l'habitent, se débattant avec leur moyen, pour tenter d'arracher au désespoir quelques instants d'éternité heureuse.