Albert Dupontel nous revient avec son nouveau long métrage Adieu les cons, où comme à son habitude il arbore la multi-casquette de scénariste-acteur-réalisateur.
Avec ce film il confirme la légitimité de son titre d’auteur, représentant un de nos meilleurs cinéastes français actuel. Adieu les cons est à la fois léger par son absence de prétention et ironiquement irrévérencieux par son propos humoristique. On sentirait presque le contexte de bavures policières que les manifestations de ces deux dernières années ont entraînées derrière l’écriture de Dupontel.
Il nous offre ici une Virginie Efira sublimement mourante, dans une « quête d’amour » bouleversante. Albert Dupontel s’est offert le rôle de Jean-Baptiste Cuchas, ou est-ce bien son nom ? Un deus ex-machina de l’informatique institutionnel touchant par sa simplicité et son désarroi. Enfin, Serge Blin, interprété par Nicolas Marié, déjà hilarant en avocat bègue dans 9 mois fermes, ici en aveugle traumatisé de la police, tordant. Ces trois personnages, accompagnés des rôles secondaires créent le chœur d’humanité du film qui, comme dans la vraie vie à du bon et du mauvais.
En mettant en scène les institutions françaises au cœur de son film (l’administration, la bureaucratie, le système policier), Albert Dupontel peint dans un clair-obscur brillant un tableau exquis de tout ce qu’il y a de ridicule dans ce fonctionnement bien français. Employés odieux ou incompétents, haute hiérarchie méprisant le bas de l’échelle, âgisme, réticence à la modernisation, tout y est et tout est parlant pour quiconque s’est un jour confronté à l’administration française.
Le film réussit parfaitement le pari de faire rire sur des situations banales, usant du burlesque comme d’un humour plus subtile par moment. Tout cela sur un fond de poésie très présent : le rapport à l’enfance que Suze Trappet entretient tout au long du film est probablement l’élément le plus touchant. Assister à cette réconciliation imaginaire entre une jeune maman de 15 ans et une mourante de 45 est le cadeau le plus précieux qu’Albert Dupontel pouvait faire à son personnage (et à son spectateur) tant en quête de paix intérieure.
Pour finir, comment ne pas mentionner cette fin qui tiendrait du génie par sa justesse. Prévisible, peut-être, mais non moins plaisante. D’une poésie indescriptible, ces derniers instants partagés par des presque inconnus, qui le resteront à jamais, cet aveu d’amour prude, timide mais non moins bouleversant. Il n’y a bien qu’Albert Dupontel pour nous faire trouver le suicide magnifique (encore une fois, après le tout aussi déchirant Au-revoir là-haut). Du grand Dupontel, du grand cinéma.