Jamais un scénario noir ne vous paraitra aussi coloré

Découvert l’année passée avec Hérédité, son premier long métrage, Ari Aster s’impose pour la deuxième année consécutive comme l’un des leader du renouvellement du genre « horreur ». Se démarquant du paysage horrifique actuel – composé uniquement de scénarii 100% jump-scare et surtout 100% bancals – par des œuvres ambitieuses, indépendantes et aux saveurs nouvelles, le cinéaste tente et assume, parfois au prix d’un financement, d’une distribution ou d’une mauvaise critique (Légère mauvaise publicité aux Etats-Unis lorsque, malgré la restriction « mineurs obligatoirement accompagnés d’un adulte », un enfant de 8 ans a assisté à une bonne partie du film avant de s’enfuir en courant avec l’adulte qui l’accompagnait.).
Dans Midsommar, il met à l’écran avec un regard anthropologique – et pas tant stigmatisant tout compte fait – la secte, ses membres et leurs rites.
Le cadre du film, qui se déroule et a été tourné en Suède, permet une multitude de plans larges, travellings, plans drones et autres mouvements de caméras parfois injustifiés mais jamais déplaisants. Ainsi, le réalisateur fait danser sa caméra comme il fait danser ses personnages : frénétiquement et sans raison apparente.
Les paysages suédois de la mi-été (« midsommar » en suédois) sont parfaitement mis en valeur par une photographie et une direction artistique fleurie et colorée, en contraste parfait avec un scénario profondément sombre. Et c’est d’ailleurs ce qui marque le plus : la dissonance entre le fond et la forme,

les sacrifices humains et les célébrations joyeuses


, le paradis du cadre et l’enfer des évènements.
Le spectateur se lie par ailleurs avec les invités américains et britanniques des festivités suédoises, partageant leurs doutes, écœurements et indignations face à une culture inconnue et dissemblable (très grand euphémisme au demeurant).
Mise à part une longueur reprochable – unique reproche en l’occurrence – la grandeur du film est dans sa mise en scène et ses acteurs. Il s’agit ici du meilleur de l’indépendant de genre américain : un budget dérisoire pour un village entier de comédiens internationaux bourrés de talent. La justesse de leur jeu permet la crédibilité de l’univers et l’implication du spectateur dans son visionnage, comme abordé plus tôt.
A propos de la longueur du film, une bonne demi-heure en moins aurait été la bienvenue. C’est surtout la surexploitation de quelques scènes « chocs » qui rend le tout lent voire ennuyant par moment. Il n’empêche que malgré ces quelques problèmes de rythmes, le spectateur se retrouve toujours aspiré à nouveau dans cette campagne en Suède, qu’il le veuille ou non.


Finalement, on retiendra Midsommar pour ses incroyables plans, son contraste réellement choquant et sa technique parfaite et on oubliera ses quelques longueurs et scènes peut-être un peu poussive.
Luciecbr
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le 29 août 2019

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