Avec son dernier film Adieu les cons, Albert Dupontel délaisse la grandiloquence et la grandeur (dans tous les sens du terme) de Au revoir là-haut (que j'avais tout de même bien aimé) pour revenir à quelque chose de plus simple, de plus proche de son cinéma originel. Avec Adieu les cons on retrouve et on redécouvre son cinéma de sale gosse, dans son rythme effréné, dans sa mise en scène qui déborde d'inventivité et bien sûr dans l'écriture des personnages qui met toujours en avant des marginaux ou des laissés-pour-compte.
Adieu les cons, c'est la fuite en avant d'une femme mourante Suze Trappet (Virginie Efira) et d'un homme tout juste licencié Jean-Baptiste Cuchas (Albert Dupontel), mais aussi d'un aveugle Serge Blin (Nicolas Marié). Albert Dupontel n'a pas changé, c'est toujours un sale gosse, mais un sale gosse plus nuancé. C'est pourquoi il nous propose ici une fable tragico-burlesque. On sait que tout ça, ça ne peut que finir mal ... alors autant finir en beauté.
Ce rythme effréné à la Looney Tunes pourra en surprendre plus d'un. Ici on retourne aux sources de son cinéma, celui de Tex Avery, de Buster Keaton et des Monty Pythons. Cette hyper sensibilité de l'artiste transpire à chaque plan et se communique aux acteurs. Jamais Virginie Elfira ne sera allée aussi loin dans les émotions. Tous les personnages sont animés par l'énergie du désespoir, les amenant jusqu'au final radical et très "dupontelien" qui va en émouvoir plus d'un.
Comparé aux films de ses débuts (disons de Bernie à Le Vilain), Adieu les cons laisse plus de place à l'émotion, plus de chaleur et plus de tendresse dans les sentiments. Certains parlent du film de la maturité, d'autres lui reprocheront de renier son tempérament de sale gosse. En effet, Adieu les cons s'inscrit dans la continuité de Au revoir là-haut, s'adressant à un plus large publique que précédemment. C'est du cinéma moins "punk" et avec une plus grande nuance des positions/sentiments.
Les personnages qu'il se donne à incarner ont évolué depuis Le Vilain, ce ne sont plus des sales gosses. Le sale gosse a évolué depuis Bernie, il a gagné en douceur et en tendresse pour faire passer son message. Quant à Virginie Efira, comme à son habitude elle est à la fois très belle et d'une fragilité bouleversante. L'instant d'un film, j'aurais aimé être à la place d'Albert Dupontel pour l'enlacer et la serrer dans mes bras.
Adieu les cons est à l'image du cinéma d'Albert Dupontel, c'est un film barré, fantasque et poétique qui s'affranchit de tous les codes. Le scénario est toujours aussi foutraque et mal ficelé, mais une fois de plus ça fonctionne et ceci grâce à l'énergie folle (et celle du désespoir aussi) déployée par l'homme à la triple casquette (réalisateur/scénariste/acteur). De l'humour, une pointe de folie et beaucoup de tendresse, Adieu les cons reste fidèle au style et aux lubies de son auteur. Entre burlesque et tragédie, sa fable nous touche en plein cœur.