Philip Marlowe (Dick Powell), détective privé, se voit demander par un client (Mike Mazurki) de retrouver une femme qu’il a perdue de vue 8 ans auparavant, dans un bouge qu'il fréquentait avant d'aller en prison. Simultanément, il est payé par un autre client (Douglas Walton) pour retrouver un collier de jade. Mais les deux affaires ne sont pas sans lien, et c’est à ses dépens que Marlowe va le découvrir…


Détective privé à l’ironie mordante, femme fatale désabusée, gangsters embusqués à chaque coin de rue, bars miteux et mal famés coincés dans des ruelles étroites, omniprésence de l’obscurité et du meurtre… Indéniablement, on se trouve là face à un film noir dans sa plus pure définition. Ce qui n’est d’ailleurs guère étonnant, puisque Adieu, ma belle, référence incontournable du film noir, est une des œuvres qui ont justement contribué à en forger la définition.
Il faut dire qu’avec Edward Dmytryk aux commandes, cette adaptation de Raymond Chandler avait tout pour marquer les esprits. On trouve déjà ici les divers éléments qui dessineront son cinéma pendant encore plus de vingt ans et en feront un cinéma d’exception. Ainsi, Adieu, ma belle s’appuie sur des personnages excellemment écrits, dont les motivations sont toujours clairement discernables et suscitent une empathie immédiate de la part du spectateur, que des dialogues savamment tournés viennent renforcer. Si le scénario se plaît à étendre des ramifications assez complexes, ce qui nécessitera de ne pas perdre le fil un instant pour être sûr de bien avoir toutes les cartes en mains lorsque les masques tombent, le récit, d’une densité exemplaire, se montre rigoureux et tendu, créant une atmosphère extrêmement prenante.
Mais c’est sur la mise en scène que repose en premier lieu cette atmosphère : par sa formidable maîtrise du noir et blanc ainsi que des jeux de reflets et de focales, Dmytryk exploite toutes les potentialités de son cadre et de son espace pour nous offrir des plans souvent mémorables (notamment la 1re apparition de Moose ou la séquence de délire de Marlowe, d’une belle inventivité formelle).


Malgré cela, Adieu, ma belle peine parfois à remporter totalement l’adhésion du spectateur, notamment du fait de quelques longueurs qui diluent ponctuellement l’efficacité narrative du film, et surtout d’une froideur de ton propre au film noir qui, si l’empathie est bien présente, peine à susciter l’émotion qu’on aurait pu espérer.
Cela n’empêche en rien Adieu, ma belle de mériter le statut de film culte qu’il a obtenu auprès de nombreux cinéphiles, et de confirmer qu’Edward Dmytryk, pour tout oublié qu’il soit aujourd’hui, fait partie des (très) grands noms du cinéma, toutes époques et toutes périodes confondues.

Tonto
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le 5 juil. 2019

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