Le ridicule ne tue pas

Adieu Monsieur Haffman présente l'histoire d'un talentueux joailler juif, Mr Haffman qui, sentant les rafles et les persécutions venir à Paris, choisit de mettre sa famille à l'abris en zone libre, puis de céder sa maison et sa boutique à son employé Pierre pour une bouchée de pain, lequel s'engage à lui rendre ses biens une fois la guerre terminée.
Cependant, pris de vitesse par les nazis, il est empêché de fuir et doit se terrer dans sa propre cave, hébergé malgré lui par son ancien employé; lequel a emménagé dans la boutique avec son épouse.

Le scénario, jusqu'ici assez simple m'avait attiré car je pensais y trouver tous les éléments nécessaires à la concrétisation d'une bonne intrigue :
-le joailler juif devenu indésirable chez lui, forcé de se réfugier dans sa cave
-l'employé devenu propriétaire qui se retrouve malgré lui à prendre de gros risques en cachant son ancien patron
-le joaillier forcé de devoir travailler sur des bijoux volés à des juifs déportés
-la tension autour de l'inversion de situation entre le patron et son salarié dans un contexte oppressant
-l'épouse de Pierre, naviguant dans un monde de nantis qu'elle ne connaît pas (et dont elle a toujours rêvé) et qui culpabilise de s'accaparer l'appartement d'une famille qui n'est pas la sienne
-les nazis, eux mêmes clients de la boutique, forçant Mr Haffman à travailler pour eux et toute l'ironie de la situation
et je pourrais continuer longtemps.

Malheureusement, toutes ces idées intéressantes pour l'histoire sont passées presque inaperçues au profit d'un scénario complètement ridicule et franchement digne d'un téléfilm France 3 en heure creuses.
Car oui figurez vous que tout ce que le scénariste de ce film à réussi à nous imaginer,

Si nous excluons ce fantasque scénario, que reste-t-il du film?
Malheureusement pas grand chose : la réalisation est molle, plate sans le moindre petit éclair. L'image elle même semble lisse et ne raconte rien.

Quant aux acteurs, Daniel Auteuil brille par son absence et n'est réellement émouvant que quand il prend un air de chat effarouché. Sara Giraudeau est convaincante sans néanmoins briller mais se démarque dans quelques scènes où elle parvient à jouer la détresse avec beaucoup de justesse à mon goût.
Seul Gilles Lelouche, malgré l'écriture bancale de son personnage (qui a un problème à la jambe d'ailleurs ahah bancal, jeux de mot, on se marre bien) dispose d'une palette de jeu un peu plus diversifiée et pose un homme irritable et parfois violent avec souvent beaucoup de justesse.

Que retenir de ce film donc? A mon humble avis, rien du tout si ce n'est de l'oublier bien rapidement.

Car à l'heure où des scénaristes s'échinent à écrire des scénarios et des adaptations originales, à l'heure où des acteurs servent un texte et un personnage bien écrit, à l'heure où des réalisateurs peinent à faire financer des films ambitieux, il est désolant que tout ce qu'ait à nous proposer le cinéma français c'est un scénario timoré dans une époque de l'histoire bien trop grave pour qu'on la traite avec une telle légèreté et un tel cynisme.