En sortant de la séance ma seule question était : Ai je bien vu le film qu'Edouard Baer dit avoir créé ?
Ces êtres veules, tristes, fatigués, hypocrites sont-ils vraiment ceux que voulaient décrire leur créateur ? Où est la joie foutraque des spectacles et des autres films d'Edouard Baer ? De quel hommage s'agit-il ? À quel acteur, créateur se référe-t-on ? Pourquoi certains commentateurs évoquent Noiret, Marielle, Rochefort, là où je n'ai vu que de vieux radoteurs méchants ?
Où est l'humaine tendresse pour ses personnages qui se lit dans toutes ses précédentes œuvres ?
Où est la poésie des mots, de la mise en scène, la patte d'Edouard Baer, reconnaissable entre toute ?
Sur l'écran, on voit un clown triste qui vient quémander une reconnaissance que lui refusent des vieilles badernes, par jeu ou par lâcheté.
La mise en scène est élégante, les dialogues sont souvent justes, révélateurs d'une angoisse de l'âge qui vient inexorablement, de la peur d'être oublié du public, de ne plus être aimé.
Adieu Paris porte bien son nom. Il annonce la fin de quelque chose, mais ce n'est pas un crépuscule flamboyant, mais un naufrage.