"Il n'y pas de tragique sans ridicule". Deuil et grimaces. Elle fait son Alyahlgérie&"remigration"?!

(bouts et série de remarques à la sortie du film; avec spoils; publiées la 1e fois le 04/06/21)
Comment surmonter le deuil et la douleur?

"Il n'y pas de tragique sans ridicule"
(disait récemment Yasmina Reza dans les 10 premières minutes au micro de l'excellente émission de Marc Weitzmann 'Signe des Temps').

Ce film a marqué mon 'joyeux' retour dans une salle de cinéma. J'en avais alors oublié son sujet et être salué par un film sur le deuil, les soucis d'un enterrement et le chagrin m'a un peu secoué ( " Si j'aurais su, j'aurais pas venu").
Le chagrin des gens les rend souvent 'ridicules' aux yeux de certains autres.
Mais on gère son chagrin comme on peut et souvent de différentes manières.
Ici, une des petites filles du défunt décide de continuer d'explorer son arbre généalogique et le passé du papi mort. Notamment grâce à ses livret et actions 'militaires' au sein d'un front de résistance et supposée libération:

"Je veux ses draps"
Puis elle décide même de prendre la nationalité de son papi et s'offre alors en exemple de remigration, le fameux rêve éveillé (et mouillé) de certains.
Les mêmes qui auront sans doute aussi noté que le pauvre papi a d'ailleurs été achevé par le rap de son petit-fils...

Il n'y a pas que des "arabes" en deuil qui obsèdent sur leurs origines: il y a plusieurs années, dans un livre Français, 'La chambre de Stella', l'auteur Jean-Baptiste Harang faisait face au deuil aussi en retournant et étudiant ses racines creusoises:
_"Dans la maison de ses grands-parents paternels, à Dun-le-Palestel, dans la Creuse, tombant par hasard sur le livret militaire de son grand-père, il en apprend plus sur l'identité et le passé de son père, alors décédé. (...) une généalogie inconnue"

le sujet du papi mort n'est pas nouveau; en 1880, wiki dit que Guy le fit aussi :
" L’aïeul mourait froid et rigide.
Il avait quatre-vingt-dix ans.
La blancheur de son front livide
Semblait blanche sur ses draps blancs".
(Guy de Maupassant, L’Aïeul)
Mais une chose dont la réalisatrice pourrait se souvenir et que je viens de croiser au sujet des personnes dont on descend:
_"Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux" (Voltaire)

____J'ai aimé mais ne comprenais pas trop la scène de massage au sauna où la masseuse âgée devine les origines de la massée. C'est vrai que ça peut faire pleurer de se faire masser.

____J'ai aimé la relation des deux soeurs que j'ai pensé à tort jouées par de vraies soeurs: Marine Vacth devrait d'ailleurs aussi faire un teste ADN (et l'envoyer aussi à Lætitia Casta).

____Le chagrin de la fille s'exprime aussi par une sorte d'anorexie: elle ne s'intéresse tellement plus à sa vie mais qu'à celle de son papi/papa de substitution mort qu'elle en oublie de nourrir son propre corps, elle ne se nourrit plus que d'infos concernant le passé de son papi/a et de son pays d'origine...au point de s'évanouir en pleine ville et de se retrouver aux urgences.
Le lieu choisi pour l'apoplexie sera irritant pour certains.
Un pont de Paris, lieu de violences policières en 1961 contre des gilets "gris".

___Au sujet de la bonne scène aux urgences avec la psy:
1) elle est, je crois, irréaliste puisque depuis des années et en dépit des vains cris d'orfraie de Patrick Pelloux, en dépit du nombre croissant de la population et de crises,
les urgences n'ont plus de psychiatres ou infirmières en psychiatrie.
2) je n'ai pas encore eu d'épisode psychotique mais ça doit être flippant de se réveiller comme elle aux urgences et trouver à ses côtés une sorte de Gollum en perruque blonde avec d'encore plus gros yeux qu' Elijah Wood vous observant en silence ...comme dans l'épisode de Friends où Chandler trouve son voisin (Adam Goldberg) au pied de son lit.
...cette psy(chologue?) existe en vrai, Estelle Dossin, "psychologue de «Mariés au premier regard»" dont le regard sur écran géant dans ma salle de cinéma a même perturbé la patiente qui lui en parle de "son regard" de hibou perçant...
3) Autre décalage avec la réalité: leur urne dans les bras, tenue d'une main, me semble bien légère...surtout lors de la belle scène si bien éclairée où les deux soeurs se la passent d'une chaise inclinée à l'autre.
L'accessoire sinistre est sans doute vide comme souvent les valises dans les films.

____Christopher Plummer dénonçait déjà la gestion des maisons de retraite dans un film méconnu sur les retraités du cinéma, 'Man on the chair',
je suis content qu'un autre film en parle un peu:

_"3000 euros par mois". "La canicule dans les couloirs". La chambre à libérer vite après la mort...

___Chez elle, fenêtres grandes ouvertes, elle regarde un mur de l'autre côté de la rue et les toits pas encore de casbah...et boit son thé, pieds nus sur le radiateur éteint: un air de la casbah d'Alger? ...des plans qui me rappellent aussi un de mes tableaux préférés alors que simple 'Un mur à Naples' de Thomas Jones

C'est lors de la scène où elle apprend à sa soeur "à boire à l'Algérienne".
De grand bruit avec la bouche...ce qui n'est pas bête du tout puisque l'infusion du thé est un réaction chimique dont le catalyseur de gout est je crois l'apport d'oxygène, O2, donc le 'slurp slurp' de la bouche n'est pas que du bruit mais serait un exhausteur naturel de gout?

____Mais dans son amour du pays d'origine de son papai/papi/papa, elle ne fait pas que singer des moeurs et habitudes étrangères, elle ne cherche pas à avoir le beurre et l'argent du beurre, elle met en pratique cet amour et change de nationalité et déménage là-bas. Elle fait une sorte d'Alyah.
Le rêve éveillé (et apparemment pas que le sien) devient réalité. La scène finale.

___Je ne sais pas quand le film a été tourné mais l'amusant Louis Garrel avec ses jeux de mots nazes semble encore dans son personnage du 'Redoutable' où J.L GodDard joue aussi sur les maux.

___Le besoin de tuitos en histoire et sa fièvre autodidacte où elle se forme vite au sujet du passé de son grand papa et de la Guerre d'Algérie façon Pour Les Nuls, m'a fait penser à ces scènes d'éducation accélérée dans certains films où des extraterrestres tombant sur terre apprennent très vite à notre sujet en accéléré, entre autres, par la télé.
Mais toute la violence qu'elle visionne me semble être celle sur le FLN et des manifestants à Paris,
rien sur les exactions et actes de pseudo terrorisme mais sanglants de leur part etc.

___Le vieux méchant aux cheveux blancs condescendant et hyper moqueur "c'est pas une riche bourgeoise qui fait 3 fautes par mot" qui va m'apprendre la vie...le papa horrible...
ce condescendant se révèle une électeur de " Le Pen "
et il a bien sûr des serpents au plafond sur son lustre.
Il ne lui manque plus que le couteau entre les dents.

___le petit-fils d'abord agaçant, bruyant, se révèle touchant dans son amour de quasi SDF, attaché à son papi (je ne connaissais pas ce Dylan Robert).

___la scène du choix du cercueil va devenir une scène sans doute classique dans le futur.
J'ai aimé l'idée du jetée de brochure qui agace tant la soeur: ces petits détails des autres qui agacent
m'a fait penser au génial Philippe Uchan qui s'agace et prend de travers un petit geste pourtant innocent de Sandrine Kiberlain dans son bureau qui vient juste de tapoter avec ses doigts un dossier qu'elle tient en mains totalement innocemment dans '9 mois ferme'
Je connais un moine qui ne supportait plus la façon de se moucher bruyante du moine voisin de cellule.

___Je remarque que certains disent se ficher des états d'âme de l'héroïne avec sa mère mais les même étaient fascinés par les même épanchements mais partagés par un homme il y a 10 ans: Xavier Dolan quand il disait aussi ne plus aimer 'l'odeur et la façon de manger' de sa mère dans 'J'ai tué ma mère'.

____Au risque de choquer, même moi, ça a quand même réussi à me faire penser au style de 'Love Streams' de John Cassavetes que j'aimais tant.
Les actrices et notamment ma Fanny Ardant ont quand même réussi à me faire penser et revivre mes émotions ressenties à Gena Rowland dans 'Opera' et 'Femmes sous influence' que certains ont sans doute trouvé ridicules aussi, alors qu'elles ne sont que crues et vraies, comme dans la vie.