ADN
5.5
ADN

Film de Maïwenn (2020)

Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la famille et elle y revient encore avec ADN, à la fois œuvre sur le deuil, la transmission et les origines. Vaste programme que la réalisatrice traite de sa manière très personnelle, avec ce naturel "lelouchien" dans certaines scènes et un déséquilibre assumé dans un récit parfois répétitif et souvent erratique. Elle passe dans ADN du groupe à l'individu (c'est à dire elle-même), sans sommation, et nombreux sont ceux qui trouveront la deuxième partie trop égocentrée voire nébuleuse quant à ce désir de se reconnecter à une partie de ses gênes, en hommage à son grand-père, naguère venu d'Algérie. On n'est pas obligé d'adhérer à ce point de vue et apprécier la description de cette quête intime même si elle n'est pas forcément explicitée. Il est arrivé à Maïwenn de confondre vitesse et précipitation dans ses précédents films et de se laisser aller à l'hystérie et au chaos. Il y a bien une forme de désordre dans ADN, mais il est source d'émotion et se rapproche de la vie, entre euphorie et détresse. Et puis, cette question de savoir d'où l'on vient pour déterminer où l'on va parle à tout un chacun. La cinéaste a réservé à Fanny Ardant ses dialogues les plus acérés et à Louis Garrel, formidable, les plus drôles. Comme chez Lelouch (décidément), Maïwenn a l'art de choisir ses acteurs et de les diriger avec un mélange remarquable de poigne et de liberté. Cela ne fait pas un film poli et cohérent mais plein d'énergie et de vitalité, si, assurément.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2020 et Les meilleurs films de 2020

Créée

le 28 oct. 2020

Critique lue 3.5K fois

16 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

16

D'autres avis sur ADN

ADN
JoRod
7

L'art de la vitalité

Cinq ans après Mon Roi, Maïwenn retrouve le chemin de la réalisation avec ADN. Un drame intimiste, sobre et très personnel, qui questionne le deuil et la quête des origines dans la France...

le 21 sept. 2020

18 j'aime

ADN
Baron_Samedi
3

Lave ton linge sale en famille

ADN : Emir est un grand-père qui a connu la guerre d'Algérie, et autour duquel toute la famille trouve du réconfort. Lors de son décès, le ciment familial s'effrite, et le choc déclenche chez Neige...

le 11 janv. 2021

16 j'aime

ADN
Cinephile-doux
7

Naguère d'Algérie

Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la...

le 28 oct. 2020

16 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13