Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont réinventés en agriculteurs bio ? Face à des paysans frustes, la tension est immédiate dès le début du dernier film de Rodrigo Sorogoyen lequel dépasse largement en intensité tout ce qu'il a pu tourner auparavant. Avant de boire la Galice jusqu'à l'hallali, ce conflit de voisinage sur fond de projet d'aménagement d'un parc d'éoliennes va emprunter peu ou prou les codes du film d'horreur avec une maîtrise qui laisse pantois. Pas un poil de sec pendant la projection aux côtés de Denis Ménochet et Marina Foïs, jamais vus ainsi, sans parler des autochtones, Luis Zahera en tête, méchant d'anthologie. A vrai dire, même les animaux, un chien, des brebis, quelques vaches et de superbes chevaux semblent avoir fait le cours Simon, tellement ils "jouent" juste. Le récit, sans jamais perdre de sa puissance nucléaire est coupé en deux par une ellipse monumentale et sublime, laquelle d'ailleurs fait penser à Madre de par la nature des faits qui se produisent dans la dernière partie du film. Que cela soit au café, sur une route de campagne ou dans les bois, As Bestas est constellé de scènes brillantes et conflictuelles qui font frémir et se demander par quel miracle Sorogoyen arrive à nous obliger à rester concentré pendant près de 140 minutes. Du travail d'orfèvre ciselé et difficilement comparable à celui d'un autre cinéaste contemporain.