Durant plusieurs années, Sébastien Lifshitz est allé filmer la vie de Emma et Anaïs, deux adolescentes inséparables mais au caractère et aux conditions de vie très opposées. Emma, issue d’un milieu aisé, est plutôt du genre mélancolique, discrète et solitaire, quant à Anaïs, elle est explosive, cash, généreuse et issue d’un milieu défavorisé. Tout les oppose mais pourtant elles se complètent parfaitement.
Durant près de 2h15, on va suivre, à Brive, le parcours de ces deux filles très charismatiques depuis leur 13 ans jusqu’à leur 18 ans. Cinq années durant lesquelles on va vivre avec elles quelques moments forts de leur existence : les amours, les rêves, les questionnements, les relations familiales, les élections, les attentats terroristes, etc…
Avec la distance nécessaire, le réalisateur de La traversée parvient à réaliser un documentaire absolument exemplaire. A partir de près de 500 heurs de rushes, il a composé un film qui raconte une histoire soigneusement construite, avec une vraie dramaturgie, montrant la vie de ces deux adolescentes sans jamais se montrer racoleur. On voit les saisons passer, les années scolaires se succéder, les visages changer. On passe les étés au bord du plan d’eau, on stresse avec elle durant les temps de révisions, on est heureux avec elles au moment des résultats, on est triste quand le malheur les frappe… que du banal au fond mais magnifié par le regard d’un Sébastien Lifshitz filmant avec un immense respect ces deux jeunes femmes fragiles mais au charme incroyable.
Un dispositif qui rappelle évidemment le Boyhood de Richard Linklater, film pour lequel le cinéaste avait suivi ses acteurs durant 12 ans pour en faire une fiction et non un documentaire.
Un très grand moment de cinéma pour cette année 2020.