Rush 3 par Pascoul Relléguic

Si vous voulez connaitre le scénario, lisez le résumé au verso de la jaquette, il en dit bien plus que le film. Mais il ment un peu, car on ne voit jamais à l'écran les actions les plus scabreuses dont serait capable Russo.

On a donc affaire à une ritalerie qui donne dans le commando movie, égrainant une série de trognes improbables dans de vertes et forestières étendues typique de l'image d'Épinal de l'Afghanistan. Je parle des seconds couteaux, mais également des acteurs principaux : une bande de mercenaires virils et téméraires, mais également coolos avec sourires ultrabright et brushing mode. Tous ont à leur passif une lourde filmographie italienne. Ottaviano Dell'Acqua a fait cascadeur pour tout le monde et a tourné entre autres pour Mattei dans plusieurs de ses succès (Kurt "saloperie de rats" dans les Rats de Manhattan, c'est lui !) et se prépare à participer à Mondo Holocausto (meilleur titre ciné 2011). Howard Ross a tout autant trainé ses guêtres dans le milieu (tout ça pour interpréter des rôles comme Raven dans 2072 les Mercenaires du futur), et Werner Pochath fait un peu office de dernier de la classe avec ses films allemands (bon, il a tout de même joué dans un Mattei, Cop Game).

Mais leur leader à tous, c'est le grand Conrad Nichols (Bruno Minniti pour ses amis et imdb, et Luigi Mezzanotte pour Nanarland... C'est dur de s'y retrouver avec tous ces patronymes), alias Rush (de Rush et Rage), Thor (de Thor le guerrier) et William (de le film du jour), exploits d'acting tournés sous la houlette d'un même réalisateur, Anthony "Tonino Ricci" Richmond. Les habitués de Nanarland connaissent donc bien cette paire qui n'a pas légué au monde les plus hautes œuvres culturelles. Ça doit être pour conserver une cohérence que dans Afghanistan Connection, Conrad joue mal, titre une tronche pas possible dès qu'il pointe un flingue sur quelqu'un et n'est jamais décoiffé, même lorsqu'il assassine des hommes à une main, en 5 secondes chrono. Et c'est pour lui que les meilleures répliques sont mises de côté : http://www.nanarland.com/play_ilsontdit.php?aud=25.

A part ça, le scénario est aussi simple (il faut récupérer un père et sa fille des mains de tribus afghanes, au nom de l'intérêt des USA et de l'URSS) qu'il est complexe dans sa gestion des relations entre les personnages, tantôt potes, tantôt à se foutre sur la gueule pour des enjeux obscurs. Et puis nos mercenaires passent facilement du cynisme habituel à leur profession au statut de bénévoles pour une ONG, à distribuer leurs rations pleines de vitamines aux pauvres loquedus du coin. Dont ils n'hésiteront pas à flinguer les compatriotes 1 minute plus tard. Puis à s'allier avec eux contre les Soviétiques avant d'attaquer une autre base afghane... Et de terminer par faire de la pub pour Amnesty International !

A noter une technique d'exfiltration d'otages de toute beauté. Le commando s'est introduit en douce la nuit dans la base, a silencieusement fait disparaitre les gardes gênants, a récupéré les otages, n'a plus qu'à partir par le même chemin... sauf que non, la stratégie de départ choisie est plutôt de faire exploser la porte d'entrée afin de réveiller l'ensemble du régiment pour le massacrer à deux, cachés derrière 3 rondins de bois. C'est couillu.

Raconté comme ça, Afghanistan Connection donnerait bien envie. Mais force est d'admettre qu'il reste malheureusement trop sage pour offrir un véritable divertissement nanar de qualité. On sourit, il arrive qu'on rigole (lors de la fameuse réplique de Conrad, ou par épuisement nerveux devant la bêtise du script), mais cela ne va pas plus loin. Il est toutefois possible qu'à plusieurs, il gagne quelques points au nanaromètres. Surtout si le public aime voir des Américains louer la grandeur du peuple afghan, Rambo 3 style.